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Pomme-poire
Une sélection participative avec les producteurs

Des producteurs bio belges et français créent une nouvelle association « Novafruits – Patrimoine et créations partagés » pour choisir ensemble leurs variétés de pommes et de poires issues des programmes de sélection de deux institutions régionales valorisant les variétés anciennes locales.

Se réapproprier la sélection variétale de pommes, tel est l’objectif de l’association Novafruits. Cette association transfrontalière regroupe 13 producteurs de pommes et poires en agriculture biologique wallons, nord-pas de calaisiens, picards et normands. Face au faible choix de variétés appropriées à la conduite biologique, ils ont passé des partenariats avec deux centres de recherche pour développer un programme de création variétale. « L’originalité de la démarche tient dans la participation des producteurs à la sélection et la valorisation des variétés », témoigne Marc Lateur du Centre wallon de recherches agronomiques CRA-W de Gembloux, en Belgique. Les producteurs font des visites régulières des parcelles variétales et concluent leur évaluation par une dégustation des fruits. Les variétés les plus prometteuses sont ensuite implantées et suivies chez des producteurs. « L’objectif de l’association est, à terme, de sélectionner des variétés robustes, frugales, tolérantes aux maladies et adaptées aux conditions du terroir en conduite faible intrants », explique le chercheur belge. L’accent est mis sur l’originalité des fruits, avec des arômes qui correspondent aux goûts des consommateurs locaux et sur leur qualité nutritionnelle. « Pour se démarquer, la qualité gustative des pommes sélectionnées doit être différente de celle des variétés commerciales », insiste le sélectionneur. En poire, en plus d’une faible sensibilité aux maladies, le programme mise sur une innovation dans l’apparence, avec des fruits bicolores.

Testées auprès du grand public

Pour trouver ces caractéristiques, le Centre régional de ressource génétique du Nord-Pas-de-Calais et le Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux ont puisé dans les ressources génétiques des 2 300 variétés paysannes locales de pommes et 1 600 variétés de poires répertoriées. « Parmi ces variétés, nous avons sélectionné celles bien adaptées à leur terroir en condition de non traitement, continue l’expérimentateur. Puis, après croisement, nous avons inséré dans la descendance des variétés modernes ». Ces dernières sont souvent plus faciles à conduire et faiblement alternantes, des caractéristiques recherchées par les producteurs. Les clones obtenus sont sélectionnés en laboratoire pour leur tolérance à la tavelure. Puis ceux restants sont sélectionnés en trois étapes en pépinières et vergers, en conditions de non traitement et de faibles intrants. Dans cet environnement, l’observation de maladies dites « secondaires » est possible, telle le chancre ou le blotch du pommier (Phyllosticta, Marssonina, Elsinoe sp.). « Les variétés qui passent toutes ces étapes sont ensuite implantées dans des parcelles transfrontalières conduites et suivies de façon identique, note Marc Lateur. Ces parcelles sont régulièrement visitées par les producteurs ». Les variétés sélectionnées sont alors mises en expérimentation chez les producteurs. Elles sont aussi soumises au grand public lors de manifestations horticoles comme le salon Pomexpo. Chacun peut y évaluer visuellement et gustativement un panel de pommes composé de nouvelles sélections et de variétés commerciales.

Projet en essaimage

Pour valoriser ces obtentions, les producteurs de Novafruits veulent se positionner sur une voie alternative au contrat de licence avec un pépiniériste et la formation d’un Club. En se positionnant en tant qu’institution publique régionale en association avec leurs producteurs, ils veulent garder les leviers de commandes tout en proposant des variétés libres de commercialisation. Les pépiniéristes n’interviennent alors qu’en tant que prestataires de services. « Ce projet commence à s’essaimer, s’enthousiasme Marc Lateur. Un nouveau groupe de producteurs wallons en PFI (Gawi) vient de se créer pour également participer à l’évaluation de nos créations ».

Une plus grande diversité génétique

La majorité des variétés résistantes tavelure sont basées sur une résistance monogénique introduite grâce au gène Vf de Malus floribonda 821. Or cette résistance est déjà contournée dans de nombreuses parties d’Europe. « En repartant d’anciennes variétés, nous voulons augmenter la tolérance polygénique tout en conservant des résistances monogéniques, tel le gène Vf », insiste Marc Lateur. Toutes les variétés anciennes ne sont pourtant pas des candidates. Mais le croisement de variétés aux résistances partielles réduit considérablement ce problème. Une plus grande diversité génétique pourrait aussi permettre de faire face à l’éventuelle évolution de la virulence de la tavelure avec la modification du climat.

Zoom sur

Coxybelle : la première obtention du projet Novafruits

Plébiscitée pour sa saveur par le panel de consommateur en 2012, Coxybelle est la première variété obtenue par le Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux dans le cadre du projet Novafruits.

Ses atouts :

• Combine le gène Vf et une résistance polygénique

• Bon calibre, forme régulière

• Belle coloration

• Bon niveau de production – variable selon les endroits

Son défaut :

• Tendance à l’alternance

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