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Aubergine : des stratégies de protection biologique intégrée en construction

Sur aubergine, le projet Catapulte étudie les principaux leviers de la protection biologique intégrée et liste les produits de biocontrôle, les méthodes de protection physique et les plantes de service disponibles.

© A. Bertrand

Le projet Catapulte (2019-2021) porté par l’Aprel vise à mettre au point des stratégies de protection biologique intégrée en culture d’aubergine. Il réunit quatre partenaires : l’Aprel, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, le Grab et Invenio qui travaillent ensemble à l’évaluation de méthodes de protection contre les bioagresseurs de l’aubergine. Les principaux leviers étudiés sont les auxiliaires, les produits de biocontrôle, les méthodes de protection physique et les plantes de service.

A lire aussi : Quels sont les produits de biocontrôle disponibles en maraîchage ?

Une stratégie efficace sur thrips

L’auxiliaire Amblyseius swirskii a confirmé en 2020 son efficacité sur thrips. Introduit à la dose d’un sachet pour quatre ou cinq plantes, il s’installe très bien sur les plantes et contribue à réduire efficacement le développement des thrips, sans besoin d’application de traitement. Néanmoins, des situations à très forte pression thrips sur de jeunes plantations peuvent conduire à renforcer la stratégie. Classiquement introduit environ un mois après la plantation de la culture, il est possible d’anticiper les lâchers dès 15 jours après plantation.

Un essai mené par l’Aprel et la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône a confirmé la bonne installation d’Amblyseius swirskii pour un lâcher plus précoce. Une augmentation de la dose à un sachet pour trois plantes peut aussi permettre de faire face à d’importantes attaques de thrips. Le piégeage à l’aide de panneaux englués bleus permet de réduire la population de thrips et constitue un outil supplémentaire à intégrer à une stratégie en forte pression du ravageur sur l’exploitation. De plus, l’ajout de l’attractif Lurem améliore le piégeage en doublant les captures.

 

Une optimisation de la protection contre aleurodes

A partir du début de l’été, l’auxiliaire Amblyseius swirskii, également prédateur d’aleurodes, voit sa population chuter et ne permet pas une gestion adéquate des aleurodes souvent difficiles à maîtriser sur la deuxième partie de la culture. Diverses stratégies ont été testées comme le nourrissage des acariens prédateurs, l’introduction de la punaise miride Macrolophus pygmaeus, les traitements avec des produits de biocontrôle. Pour le moment, les meilleurs résultats ont été obtenus en combinant l’application du produit de biocontrôle Mycotal (Lecanicillium muscarium) et l’installation de panneaux englués jaunes en tête de plantes pour piéger les adultes d’aleurodes.

A lire aussi : Maraîchage : comment maintenir Macrolophus dans les abris pendant l’hiver

Dans cette stratégie, le produit de biocontrôle et le piégeage permettent de prendre le relais de A. swirskii sur la période estivale. Les panneaux englués ont été installés au-dessus de chaque rang de culture avec un panneau tous les dix mètres linéaires et Mycotal a été appliqué en fin de journée, avec un adjuvant et en doublant le volume habituel de bouillie pulvérisé à l’hectare. Après traitement, des analyses laboratoire révèlent la présence du champignon parasite contenu dans le Mycotal sur les larves d’aleurodes prélevées en culture.

 

Des pistes contre pucerons

En 2020, l’introduction d’une nouvelle coccinelle contre les pucerons a été testée par l’Aprel et la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône. Propylea quatuordecimpunctata, proposée par le fournisseur d’auxiliaires Bioplanet. C’est une coccinelle jaune et noire à 14 points en damier. Elle aurait la possibilité de s’alimenter de pollen en absence de pucerons et pourrait donc être apportée de manière préventive dès la floraison de la culture.

L’essai a mis en évidence une installation de la coccinelle sur les plantes mais, utilisée sans autre moyen de protection, elle n’a pas suffi à contrôler les pucerons. L’observation d’une installation de ce nouvel auxiliaire sur la culture est encourageante. Les essais se poursuivent. L’évaluation de produits de biocontrôle (Flipper (acides gras potassiques), Eradicoat (maltodextrine), Neemazal (azadiractine)) par le Grab et Invenio a montré des efficacités insuffisantes. Une combinaison avec d’autres outils de biocontrôle comme les auxiliaires semble nécessaire.

 

Des études à poursuivre contre les acariens

Les aspersions réalisées régulièrement sont efficaces pour limiter le développement des acariens tétranyques. En effet, l’augmentation de l’hygrométrie sous les abris est défavorable au ravageur. Mais en été, il est nécessaire de compléter la protection pour faire face à leur progression. Des essais à l’aide des acariens prédateurs Amblyseius californicus et Phytoseiulus persimilis ont montré des efficacités insuffisantes. Des travaux avec d’autres auxiliaires et des produits de biocontrôle sont en cours d’étude pour la saison 2021.

A lire aussi : Sud-Est : Penthaleus major, acarien des cultures d’hiver sous abris

Une limitation de l’entrée des punaises par les filets

Les punaises des genres Nezara et Lygus restent difficiles à contrôler. A ce jour, il n’existe pas d’auxiliaire commercialisé ni de traitement efficace compatible avec la protection biologique intégrée. L’installation de filets aux ouvertures des abris (portes et ouvrants) constitue le moyen de protection le plus efficace. Il faut cependant être vigilant à la protection contre les autres bioagresseurs, notamment contre les pucerons, qui a été plus difficile dans certains essais notamment par la limitation de l’entrée d’auxiliaires indigènes et la modification du climat de l’abri.

Anthony Ginez, Aprel

A lire aussi : Maraîchage : les pistes pour lever le verrou des punaises

Un nouveau ravageur en Provence

L’altise Epitrix hirtipennis est un nouveau ravageur de l’aubergine présent essentiellement dans le Sud-est. Identifié pour la première fois en 2016, il peut entraîner d’importants dégâts sur les plantes : criblures sur les feuilles et les fleurs, plaques liégeuses sur les fruits. L’Aprel et la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône ont identifié des panneaux englués qui permettent de piéger l’altise et qui semblent réduire sa présence sur les plantes.

Il s’agit de panneaux jaunes à glu sèche qui montrent de meilleurs résultats que des panneaux bleus, rouges ou jaunes à glu humide (voir le compte rendu Aprel n°19-038a et l’article « Empéguer l’altise de l’aubergine », Treiz’maraîchage n°50 de juin 2020). Des essais de piégeage massif à l’aide de ces panneaux seront menés dès 2021 par ces deux partenaires dans le cadre du projet Altiz (projet porté par Planète Légumes) qui a pour objectif de mettre au point des stratégies de protection contre les altises du chou et de l’aubergine.

 

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