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Achats : « Le métier exige de surveiller l’évolution de tous ses marchés »

Face au contexte inflationniste, les acheteurs perdent leurs repères, avec des évolutions spécifiques pour chaque matière première mais aussi l’énergie, les transports, les emballages… À l’occasion du CFIA, Europe Snacks et Collectif Énergie ont organisé un échange sur la flambée des coûts pour l’agroalimentaire.

Anthony Angé, directeur des achats d’Europe Snacks et vice-président du Conseil national des achats – Bretagne, et François-Régis Dehery, directeur produit de ...
Anthony Angé, directeur des achats d’Europe Snacks et vice-président du Conseil national des achats – Bretagne, et François-Régis Dehery, directeur produit de Collectif Énergie.
© Y. Boloh

Les années 2022 et 2023 feront date pour les acheteurs qui, face à la forte poussée inflationniste depuis 18 mois, amplifiée par le conflit ukrainien, ont perdu tous leurs repères, non seulement pour l’énergie, mais aussi pour les matières premières ou bien encore les emballages, explique Anthony Angé, directeur des achats d’Europe Snacks. C’est au titre de son mandat de vice-président du Conseil national des achats (CNA) Bretagne qu’il organisait une réunion sur la flambée des coûts en agroalimentaire avec François-Régis Dehery, directeur produit de Collectif Énergie, le 14 mars 2023, lors du dernier CFIA de Rennes. « Le pilotage des risques revient au cœur de la stratégie d’achat », constate Anthony Angé.

L’inflation s’est enclenchée dès la sortie des confinements avec le rebond de la demande combiné à la sécheresse qui a physiquement compliqué les productions agricoles, au conflit en Ukraine et à la crise énergétique.

Gérer ses contrats énergie autrement

« Rappelons-nous que le marché de l’énergie a été libéralisé il y a quinze ans et, pourtant, peu d’acheteurs ont pris l’habitude de suivre son achat de près. Le prix a explosé après une lente montée progressive et face à une incertitude de la capacité nationale à produire pour couvrir les besoins », remarque François-Régis Dehery.

Une fois sorti de la panique, il conseille de diversifier ses approvisionnements à la source et de ne plus se contenter d’une renégociation annuelle de ses contrats et, bien sûr, de poursuivre les efforts de sobriété, comprise comme une chasse aux kilowattheures. « Les industriels ont fonctionné dès cet hiver avec -16 % de la consommation », pointe le spécialiste, en optimisant leur procédé.

Les effets pourraient être plus profond avec des réorganisations de production pour lisser les consommations : « 70 % du prix de l’énergie, c’est la manière dont on la consomme, résume-t-il. Il faut repenser la politique énergétique de l’entreprise avec une démarche globale. L’énergie est à considérer comme un portefeuille d’investissement et non plus comme un unique poste de coûts et elle est négociable. »

Ligne par ligne

Du côté des matières premières, la véritable évolution, outre les fortes augmentations des cours, notamment de l’huile, avec le conflit en Ukraine, est le fait que chaque matière première a désormais sa situation spécifique. « Certains intrants majeurs ont continué d’augmenter sans correction majeure des marchés en raison de l’incidence d’autres augmentations comme celle du prix des transports », rappelle Anthony Angé.

Les acheteurs doivent ainsi apprendre à naviguer dans un nouveau monde : celui où les prix de vente sont décorrélés des prix techniques avec des effets d’aubaine saisis par les fournisseurs ou les intermédiaires. Ce fut le cas pour les cartons, même si une correction s’amorce en 2023 avec un surstockage sur fond d’évolution réglementaire dans l’attente d’une taxe plastique… Fin 2022, certains marchés comme l’huile se sont stabilisés, mais des tensions persistent sur de nombreuses commodités.

« L’environnement instable et volatil impose une gestion plus fine de ses achats et de ses couvertures », Anthony Angé, directeur des achats d’Europe Snacks

« Le métier des achats évolue fortement. Stratégique, il exige de surveiller l’évolution de tous ses marchés. L’environnement instable et volatil impose une gestion plus fine de ses achats et de ses couvertures », insiste Anthony Angé. Il souligne l’importance d’une gestion dynamique des risques, basée sur une analyse des fondamentaux et une analyse technique, mais aussi géopolitique, Russie, Chine et États-Unis menant la ronde.

Qu’est-ce que le Conseil national des achats ?

Le Conseil national des achats (CNA) regroupe plus de 18 000 adhérents, professionnels des achats des grands groupes, PME, ETI et start-up des secteurs privé et public. Il organise près de 200 évènements par an aux niveaux national ou régional, conférences en ligne, HA Labs, HA en scène et animation du club des directeurs achats. Le CNA a créé le label Relations fournisseurs et achats responsables ainsi que la charte Relations fournisseurs responsables avec le médiateur des entreprises. Il publie trois revues spécialisées – Profession Achats, Excellence HA et Achetons public – et réalise des études comme celle sur la relocalisation, les tendances achats, l’observatoire des métiers…

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