Yves de la Fouchardière

LM : Pourquoi lancer une campagne pour l’étiquetage des volailles de Loué « sans OGM » ?
Yves de La Fouchardière : Cela fait onze ans que nous nourrissons nos volailles sans OGM. Au total, nous avons investi 7 millions d’euros pour assurer la traçabilité de notre soja. Aujourd’hui, il faut sortir du « ni-ni » : ni l’obligation de dire quand l’animal consomme des OGM, ni le droit de dire quand il n’en consomme pas. La loi du 25 juin 2008 sur l’étiquetage des OGM stipule pourtant que l’agriculteur doit avoir le droit de produire ou non des OGM et que le consommateur doit savoir s’il consomme ou non des OGM. Les filières qui font des efforts sont pénalisées car selon la DGCCRF, il existe toujours un risque, même minime, d’une contamination fortuite avec une trace d’OGM supérieure à 0,01 %.
LM : Avez-vous le soutien des consommateurs ?
Y. L. F. : Le dernier sondage de l'institut Efficience en janvier est clair. Les consommateurs sont désireux de savoir si les animaux ont ou non consommé des OGM. Pour eux, les filières de qualité, que ce soit les labels ou l’agriculture biologique, sont naturellement sans OGM. En Italie, Coop Italia étiquette sans donner de précisions sur la contamination potentielle tant des produits bovins qu’avicoles. En Allemagne, c’est la filière laitière qui se lance. En Autriche, où la production bio domine, les choses sont claires aussi. Nous avons démarré notre action au Salon de l’agriculture surtout pour échanger avec les professionnels et non vers le grand public qui y vient pour apprendre des choses aux enfants, comme les éclosions de poussins.
LM : Est-il possible de faire du poulet sans soja pour contourner cette question OGM ?
Y. L. F. : Nous avons déjà réduit autant que nous le pouvions le recours au soja dans nos aliments, en mettant notamment en place une presse à graines de colza qui apporte 2 % des protéines. Mais le soja est quasiment incontournable dans les formules pour couvrir les besoins en acides aminés des animaux. De plus, la question des OGM ne s’arrête pas au soja puisque le maïs est également concerné. Les OGM en alimentation animale vont devenir une vérité de plus en plus criante.