Yuri Fedorovitch Melnik

Les Marchés : Y a-t-il un système agricole dont vous souhaitez favoriser le développement ?
Yuri Fedorovitch Melnik : Le poids de nos petites exploitations ne cesse de diminuer, tandis que le nombre d’agro-holdings ne cesse de progresser. Ce sont ces dernières qui pourront générer des rendements élevés et porter l’agriculture ukrainienne à un niveau de compétitivité comparable à celui de l’Europe. Je suis convaincu que ce sont elles qui pourront contribuer aux rentrées fiscales du pays en accroissant d’autant leur productivité. Mais on ne sait pas encore dans quel délai.
LM : Craignez-vous l’arrivée de capitaux étrangers sur le foncier agricole ?
Y. F. M. : La réforme du foncier n’est pas achevée en Ukraine. Des projets de loi sont actuellement examinés par le Parlement, qui ont une importance politique majeure. Le vote devrait néanmoins intervenir très rapidement, permettant ainsi de libérer les échanges fonciers. Ce n’est pas pour autant que nous craignions les investissements étrangers. Il y a d’ailleurs de grandes exploitations qui ont été créées par des hommes d’affaires européens. Je suis convaincu que les capitaux étrangers ont tout intérêt à travailler ici dans le cadre de notre politique foncière actuelle.
LM : êtes-vous favorable à une plus forte organisation du marché céréalier ukrainien et quelle est votre politique en matière de biocarburants ?
Y. F. M. : Nous avons besoin d’améliorer le marché des céréales. Il faut changer les règles du jeu. On va le faire. Néanmoins, je reste persuadé que l’embargo décidé en 2007 était indispensable. C’était une mesure justifiée prise dans des conditions exceptionnelles, car 10 millions d’hectares avaient souffert de la sécheresse. Nous avons pris une bonne direction dans le domaine des biocarburants. Nous avons déjà de petites installations qui permettent aux exploitations agricoles de produire du biodiesel à la ferme. Par ailleurs, la modernisation des installations industrielles existantes dont les capacités de production s’élèvent à 200 000 tonnes/an est en cours. La création de nouvelles unités industrielles nous permettrait de produire 3 Mt par an. Il faut cependant légiférer sur le sujet. Un projet de loi est en préparation.