Xerfi prévoit des temps difficiles pour les IAA
La dernière étude du cabinet Xerfi sur la hausse des prix a le mérite d’être claire. En préambule, elle annonce que les ménages « n’en sortiront pas indemnes ». Et rien n’indique que les entreprises échapperont à cette situation. L’accélération attendue du chiffre d’affaires des IAA, estimée à 4 % par Xerfi pour 2007, masquera l’essentiel. « Elle traduira avant tout la hausse des prix, mais sera insuffisante pour encaisser sans dommage la flambée des matières premières avec comme conséquence mécanique le repli du taux de marge brute » assure le bureau d’études. Celui-ci devrait passer sous les 44 %, ce qui sous-entend que les entreprises prendront en charge une partie des hausses. La masse salariale, qui a auparavant servi de variable d’ajustement, ne peut plus prétendre à ce rôle depuis les ajustements observés ces dernières années.
D’ailleurs, malgré une diminution des effectifs en 2006 à 414 000 salariés (-1 %), les industriels déplorent les difficultés rencontrées dans le recrutement de nouveaux personnels. « Le rebond des performances économiques et financières des IAA en 2006 aura fait long feu »commente Xerfi. Les dégâts sur la marge brute sont pour l’instant limités, car « les industriels semblent parvenir depuis le début de l’année à faire passer l’essentiel de la hausse de leurs coûts de production dans leurs prix ». Mais la situation évolue défavorablement. Compte tenu du décalage temporel entre la hausse des prix agricoles et celle des prix à la production, les mois à venir vont être synonymes de hausse renforcée. Le mécanisme de fixation des prix du lait (en forte augmentation) va ainsi faire ressentir cette hausse à partir du troisième trimestre, hausse « qui débordera amplement sur 2008 ».
L’alimentation va participer à l’inflation
Sans s’attarder sur les raisons de cette flambée généralisée (aléas climatiques, demande des pays en développement), on observe un décollage des prix à la production de 2,7 % sur les 6 premiers mois de l’année, soit la moitié des prix agricoles (+5,6%). Ce ratio est cohérent, l’achat de matières premières représentant environ la moitié des coûts. Sur l’ensemble de l’année, la hausse devrait cependant être supérieure. Entre la grande distribution et ses fournisseurs, la répartition des hausses devrait être de mise.
Récemment, Intermarché a annoncé une baisse moyenne de prix de 2 % sur 2 000 produits, financée en réinjectant une partie de ses bons résultats. Ce genre d’opération doit également être appuyé, à n’en pas douter, par une contribution des IAA. A plus long terme, l’inflation des prix rendra peut-être difficile la réalisation de telles promotions. Xerfi prévoit que les prix de l’alimentaire vont contribuer à l’inflation générale en 2007, « alors qu’ils ont plutôt eu un rôle modérateur depuis 2003 ». En fonction du profil d’évolution (accélération en fin d’année), « il faut s’attendre à une nouvelle forte progression des prix de l’alimentaire en 2008 ». Mais rien ne garantit que les entreprises en tirent un bénéfice supplémentaire.