Vin : les coopératives déçues du projet de modernisation
Denis Verdier, président de la confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF), s’est dit déçu hier du projet de plan de modernisation de la filière viticole à 5 ans, remis le 11 mars à Michel Barnier. Sur l’amélioration de la compétitivité des exploitations et des entreprises, le représentant des coopérateurs qualifie même les propositions « d’assez ahurissantes ». Le projet stipule pour les vins sans indication géographique (ndlr : les vins de table) : « une levée des verrous réglementaires concernant en particulier, les rendements, la liste des cépages autorisés, les pratiques culturales et œnologiques ». « On considère qu’il faut une forme de souplesse par rapport à la concurrence internationale, mais nous avons le sentiment que parmi le négoce certains se croient en plein Far West. Or il y a un danger à banaliser le cépage qui, jusqu’à présent, a apporté de la valeur ajoutée », prévient Denis Verdier. Sur cette catégorie de vins, la CCVF est d’accord pour augmenter les rendements et utiliser les procédés modernes (copeaux, irrigation au goutte à goutte…). Mais elle demande le maintien de règles qualitatives basées sur la dégustation et l’agrément des entreprises. Surtout la CCVF réclame la création d’une interprofession nationale dont l’une des missions serait la gestion de ces vins sans IG. « Il faut qu’on ait une discussion globale sur les volumes et la gestion des excédents », précise son président.
Cette interprofession nationale serait aussi en charge de définir la stratégie nationale de recherche fondamentale de la filière vitivinicole et de gérer l’image du vin encore récemment mise à mal par une étude sur les résidus de pesticides (lire LM du 31/03).
Le fonds d’investissement se précise
Cette interprofession pourrait également initier un fonds d’investissement et de développement de la filière. La CCVF a déjà engagé un tour de table avec le Crédit Agricole, Sofiprotéol et Unigrains. L’objectif est de récolter 30 M Eur pour favoriser les regroupements d’entreprises vitivinicoles. Le fonds pourrait être créé d’ici un ou deux mois. « Le négoce doit nous accompagner, s’il n’y va pas, on ira seul », a déclaré hier Denis Verdier.
Entre la CCVF et certains membres du négoce, l’ambiance n’est pas au beau fixe. Parmi les propositions du projet de plan de modernisation de la filière viticole, la confédération a perçu quelques attaques du négoce dirigées contre la coopération. Le rapport d’étape prône ainsi le « développement de ‘wineries’ basé sur une relation contractuelle avec les apporteurs de raisin ». Une proposition qui semble avoir piqué les coopérateurs. « On veut aller casser le mouvement coopératif ? », s’interroge Denis Verdier.
La CCVF a décidé de saisir Michel Barnier sur toutes ces questions en lui adressant sa contribution écrite. Elle y réaffirme sa volonté d’arriver très rapidement à une interprofession unique par bassin de production et demande que les métiers soient représentés dans chaque interprofession.