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Viande : les grandes manœuvres ont débuté

En moins d'un mois, le paysage européen de la viande s'est teinté de couleurs exotiques. Des entreprises brésiliennes et américaines se sont invitées dans le capital de majors du Vieux continent, accélérant ainsi la restructuration du secteur en Europe. La dernière en date est l'alliance contractée par le géant américain du porc Smithfield avec Campofrio (15 usines en Espagne, Portugal, Roumanie, Russie) via la fusion de la filiale européenne de Smithfield Holdings avec l'espagnol. La société américaine n'est pas une inconnue pour la filière française. Après être entré dans la société bretonne de salaisons (SBS), Smithfield a racheté en 2004 Jean Caby puis en 2006 les activités de charcuterie de Sara Lee Europe.

Smithfield est donc désormais propriétaire de quelques outils et marques historiques de charcuterie en France (Justin Bridou, Cochonou, Aoste, Calixte) en Belgique (Imperial Meat Products), au Portugal (Nobre), aux Pays-Bas (Stegeman), en Roumanie et au Royaume-Uni. La société avait commencé par s'implanter en Pologne, via Animex (CA : 650 M$ en 2006).

L'implantation de sociétés brésiliennes est plus récente, mais pas moins spectaculaire. JBS Friboi, devenu en quelques années le n°1 mondial du bœuf (80 000 têtes abattues par jour dans le monde !) a pris position et doublé le capital du groupe italien Cremonini en janvier dernier. Il possède 50% des parts dans Inalca et Montana Alimentari regroupés dans Inalca. Quant au groupe brésilien diversifié Marfrig, il a repris 50% de OSI, notamment propriétaire de Moy Park, important opérateur européen dans la volaille.

La crainte des filières agricoles, notamment françaises, est que ces entreprises ne changent de stratégies d'approvisionnement. Smithfield, très solidement ancré dans l'amont agricole aux Etats-Unis, pourrait avoir intérêt à terme à importer des jambons venus d’outre-Atlantique. Si, compte tenu des droits de douane élevés, ce type de « sourcing » est aujourd'hui trop onéreux, il pourrait devenir compétitif en cas d'accord, même « équilibré », à l'OMC.

La même question se pose aux éleveurs bovins qui commercialisent leur bétail vers l'Italie. Qui dit qu'un jour les propriétaires d'Inalca ne souhaiteront se tourner vers un approvisionnement en boeuf brésilien ? Enfin, la même question se pose à propos de Moy Park, qui était déjà un importateur significatif de volailles étrangères. Quoi qu'il en soit, estiment la plupart des observateurs, ces prises de positions ne devraient pas être les dernières. Et pourraient accélérer les regroupements au sein même du marché communautaire.

Rédaction Réussir

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