Vers une plus grande efficacité des soutiens à l’innovation

« La recherche et le développement ainsi que l’innovation constituent l’un des principaux leviers de compétitivité des entreprises alimentaires. Le développement de produits ou process innovants leur permet de se différencier, d’améliorer leurs produits et de gagner de nouvelles parts de marché », est-il inscrit dans le contrat de la filière agroalimentaire, signé le 19 juin dernier. « Les industries agroalimentaires innovent. La moitié des produits commercialisés aujourd’hui n’existait pas il y a cinq ans », souligne Françoise Gorga, responsable innovation à l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Le secteur pourrait pourtant mieux faire. Certes les marges des industriels sont faibles, mais il semble qu’ils utilisent mal les outils de financement. C’est le constat qui a été fait lors des Rencontres régionales pour l’avenir de l’agroalimentaire. à travers le contrat de filière, plusieurs engagements ont été pris pour pallier cette lacune.
La plateforme Food for Life renforcée
« Nous allons mettre en place une plateforme de coordination de l’innovation qui rassemblera des entreprises de toutes tailles capables d’identifier les thématiques-clés de l’agroalimentaire », a déclaré Jean-Philippe Girard président du groupe de travail « Financement et innovation », le 19 juin. Dans les faits, cette plateforme existe déjà, il s’agit de Food for Life France, lancée en 2008. Elle devrait prochainement évoluer pour intégrer plus d’acteurs de la filière agroalimentaire et élargir ses missions. Une première réunion est prévue le 18 septembre prochain. Cette plateforme actualisera les priorités stratégiques de recherche, qui pourront ensuite donner droit à des financements publics.
L’innovation ne passe pas seulement par de nouvelles recettes, l’urgence est à la rénovation des procédés. « Il va falloir moderniser nos outils de production, à travers plus de robotisation, d’automatisation, d’efficacité énergétique », rapporte Françoise Gorga. Jean-Philippe Girard a annoncé « le lancement d’un vaste programme de soutien à la modernisation de l’agroalimentaire ».
« Ce programme doit être soutenu par celui des investissements d’avenir qui sera bientôt réabondé », précise Françoise Gorga. Une enveloppe de 100 millions d’euros, sur plusieurs années, serait déjà prévue. L’arbitrage définitif devrait intervenir fin juillet à Matignon. « L’agroalimentaire n’a pas son compte dans les investissements d’avenir par rapport à son poids économique », a reconnu Louis Gallois, commissaire général à l’investissement, lors de la signature du contrat de filière. « J’endosse une partie de la responsabilité, nous aurions dû plus aller à la pêche, mais vous auriez aussi dû plus venir vers nous », a-t-il lancé aux professionnels du secteur. En fait, des projets ont été proposés par la filière mais ils ont été retoqués. Ainsi en lien notamment avec l’Inra, l’Ania souhaitait monter un vaste projet de cohorte pour mieux définir les allégations de santé. L’idée : prendre un large échantillon de personnes en bonne santé pour évaluer l’impact préventif de l’alimentation. « Nous étions en concurrence avec l’industrie pharmaceutique face à des évaluateurs plutôt issus du milieu de la pharmacie. Notre projet n’a pas été compris », estime Françoise Gorga.
Adapter le crédit d’impôt innovation
Cet exemple souligne le manque de compréhension de ses spécificités dont pâtit encore l’agroalimentaire. De même si le crédit d’impôt recherche (CIR) comprend désormais une partie innovation, l’industrie agroalimentaire peine à en bénéficier. L’instruction fiscale parle de prototype pour définir les projets éligibles, mais qu’est-ce qu’un prototype en agroalimentaire ? Une des missions de la plateforme Food for life est de mieux définir la notion d’innovation dans l’alimentaire. Une position concernant le CIR a déjà été communiquée aux ministères de la Recherche, de l’Agroalimentaire et des Finances en prévision de la nouvelle instruction fiscale à paraître au mois de juillet. L’Ania compte par ailleurs sur les experts-comptables, invités aux travaux du groupe de travail innovation et financement, pour mieux informer les entreprises sur les aides auxquelles elles peuvent prétendre.