Vers un nouvel encadrement des aliments médicamenteux
L'organisation européenne des consommateurs milite pour un traitement de groupe exceptionnel.
En cas de maladie animale dans un élevage ou pour éviter la dissémination d'une pathologie, le traitement vétérinaire peut être administré via l'alimentation, grâce à des aliments médicamenteux qui en assurent la répartition régulière à l'ensemble des animaux. Cette utilisation est encadrée par plusieurs textes, l'hygiène des aliments (183/2005) et la commercialisation des aliments pour animaux (767/2009), mais aussi à travers la politique européenne de santé animale.
Face aux antibiorésistances chez l'homme, la réduction des utilisations d'antibiotiques en élevage, en général via des mesures de biosécurité et de prévention, et la restriction de certaines catégories réservées à la médecine humaine (comme les céphalosporines), s'accompagnent d'un projet de révision réglementaire plus générale du médicament vétérinaire.
La production des usines d'aliments généralistes en ligne de mireLa Fédération européenne des fabricants d'aliments composés (Fefac) souligne le besoin d'évolution de la réglementation européenne sur les aliments médicamenteux pour compléter la révision du règlement sur l'hygiène alimentaire. Selon elle, le fabricant d'aliments n'a pas vocation à délivrer des aliments médicamenteux, mais accepte de fournir un service à l'éleveur sur prescription vétérinaire. La nouvelle réglementation devra, selon la Fefac, encadrer la pratique d'une production dans des usines d'aliments généralistes car la production d'aliments, contrairement aux prémix médicamenteux issus d'usines de type « pharmaceutiques », ne peut se faire que dans des usines d'aliments réparties au plus près des élevages pour assurer un traitement rapide. « Le législateur, s'il est convaincu que l'aliment médicamenteux constitue une bonne manière de distribuer les médicaments, pourrait s'appuyer sur l'expérience acquise dans certains pays membres qui montre qu'exiger des usines dédiées conduit à la disparition de cette production », pointe la fédération.
“Le texte est attendu depuis fin 2013
L'organisation européenne des consommateurs (Beuc) a également diffusé sa position pour le maintien de l'efficacité des antibiotiques dont l'aspect exceptionnel d'un traitement de groupe et la séparation du droit du vétérinaire à prescrire et à vendre des antibiotiques.
La Commission européenne, dont le texte est attendu depuis fin 2013, n'a pas encore publié sa position et semble hésiter ” entre sortir un texte spécifique aux aliments médicamenteux (qui serait prêt) et attendre pour une révision complète. Les professionnels préfèreraient cette seconde solution.
Les pratiques d'apports d'antibiotiques aux animaux d'élevage varient selon les pays européens entre les administrations par voie orale liquide, par voie orale solide ou par le biais d'aliments médicamenteux, explique Hans-Joachim Gôtz, vice-président de la Fédération européenne des vétérinaires. Son organisation demande que la loi sur les aliments médicamenteux évolue dans le sens d'une harmonisation européenne, y compris par la création d'un « marché unique » au-delà des formes différenciées d'apport. Sachant que les aliments médicamenteux peuvent être la forme la plus efficace d'apport dans certaines situations, les vétérinaires préfèrent un apport par l'eau de boisson chez les animaux malades qui ont tendance à moins manger.