Vache folle : ce que disent les analyses rétrospectives
L’année 2006 pourrait s’achever avec seulement 8 cas d’ESB en France. Cela veut-il dire que la maladie est en voie d’éradication ? Des éléments de réponse ont été apportés lors d’un colloque des laboratoires Bio-Rad mercredi à Paris. Thierry Baron, de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), a présenté les résultats d’une étude rétrospective. Sur près de 1 000 vaches folles détectées, 400 ont fait l’objet d’une nouvelle analyse. « Il y a chaque année entre 1 et 4 cas atypiques de la maladie sur 3 millions de bêtes testées », a signalé le chercheur.
La mise en évidence de formes anormales d’ESB n’est pas nouvelle. Un type H et un type L sont identifiés, sur la base de différences en termes de masse moléculaire de la protéine prion pathogène PrPres et d’un point de vue histopathologique.
Forme sporadique
En France, 7 cas H et 5 cas L ont été détectés. D’autres sont signalés en Europe, notamment aux Pays-Bas, en Allemagne, en Pologne. Même la Suède, supposée à plus faible risque, n’est pas épargnée. « La question sur l’existence de formes atypiques d’ESB peut se poser pour des pays classés indemnes, comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande», a souligné Thierry Baron.
Peut-on conclure à l’existence d’une forme sporadique de vache folle chez les bovins ? C’est l’hypothèse privilégiée par le spécialiste de l’Afssa. La situation chez les bovins pourrait s’apparenter à celle chez l’homme, pour qui deux types de maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadiques existent. D’après l’étude rétrospective des cas d’ESB, 1 à 3 cas par an de type H existent entre 2000 et 2003, puis aucun à partir de 2004. Les cas de type L sont régulièrement d’un par an depuis 2002. Cette forme atypique apparaît comme la plus pathogène. La durée d’incubation de la maladie est plus faible pour le type L que pour le type H ou l’ESB classique. Reste à évaluer le potentiel de transmission des formes atypiques de la vache folle. « Le retour aux pratiques anciennes (avant les mesures anti ESB, ndlr) risquerait de déclencher une nouvelle épidémie, estime Thierry Baron. On peut penser que la maladie ne sera jamais éradiquée.»