Va-t-on manquer de bananes des Antilles ?
Tandis que les manifestants défilaient samedi 14 février au nord-est de la Guadeloupe, les planteurs chargeaient au port de Jarry 44 conteneurs de bananes pour la métropole, soit un peu moins du cinquième d’un bateau. «Apparemment, le navire est parti avec un peu moins de 20 % de son tonnage habituel, mais nous restons optimistes, car la crise ne touche pas les plantations», indique Sylvie Latour, directrice marketing de l’UGPBAN. D’après FLD Hebdo, le marché reste bien approvisionné avec, au 17 février, 862 tonnes de bananes de Guadeloupe à l’arrivage à Dunkerque. Côté Martinique, le tonnage s’élève à 3.329 tonnes à la même date. «Pour le moment, nous tenons notre fonds de commerce, grâce notamment au détournement des flux avec les bananes de nos autres origines», précise Sylvie Latour
La Martinique absente
Pourtant, d’ici la semaine prochaine, la situation devrait se gâter du côté de la Martinique, qui « sera absente à hauteur d’environ 180 et 200 000 cartons, soit environ 3 000--4 000 tonnes». A Fort-de-France, les planteurs n’arrivent pas à rejoindre le port, et samedi, le navire de la CMA n’a pas pu charger la production de l’île. Face à cette situation, la tendance des mûrisseurs à faire appel aux autres origines devrait se confirmer. Une partie de la production du Cameroun, destinée à l’Angleterre et à l’Italie, sera vraisemblablement réorientée sur la France, et les achats spot de bananes dollar, qui arrivent chaque semaine en Belgique, devraient venir remplacer les pertes, selon l’UGPBAN.
« Nous allons forcément manquer de bananes, ce qui va produire une aspiration des autres origines sur le marché français. Mais c’est reculer pour mieux sauter. Une fois que cet épisode sera passé, il va y avoir un embouteillage de marchandises», explique Yann Berrou, directeur de Fruidor basé à Rungis. Il n’y a donc guère de risque de pénurie. La compensation devrait jouer à plein et pourrait être prolongé, selon l’évolution du conflit aux Antilles. Actuellement, la Martinique est sur un rythme d’exportation hebdomadaire de 180 000 cartons (ou 3 500 t) et la Guadeloupe de 50 000 cartons (ou 1 000 tonnes).