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Assemblée générale de Syndifrais
Une restructuration du secteur de l'ultrafrais à l'horizon

L'ultrafrais perd depuis 2011 des volumes. C'est le seul secteur alimentaire qui a vu les prix de vente consommateur reculer en 2013. La surcapacité industrielle se creuse de jour en jour annonçant la poursuite du mouvement de restructuration démarré il y a deux ans.

 

Depuis deux ans, le marché de l'ultra-frais (hors crème fraiche) ne cesse de reculer : -3,2% en 2013 pour les volumes après une année 2012 en recul de 2,5 %. De quoi mettre la profession en émoi. L'assemblée générale de Syndifrais, le 2 avril dernier, a été l'occasion de dresser les difficultés de cette filière qui absorbe près de 7 % du lait collecté en France. « Les fabricants de produits laitiers frais sont pris en tenaille entre un prix du lait record en 2013 qui a augmenté de 9 % par rapport à 2012 et des prix de vente sortie usine déconnectés de ces réalités économiques », commente le président, Pierre Girier, directeur de Triballat Rians et président de Syndifrais. Selon l'Insee, les prix sortie usines des yaourts ont augmenté de 1 % sur un an. C'est un des seuls secteurs qui a même connu des prix de vente consommateur en baisse de 0,2 % sur l'année 2013.

Toutes les voix des acteurs de l'ultrafrais s'accordent pour dire que cette situation est entretenue par la guerre des prix entre enseignes. « Cette guerre des prix mène à une asphyxie du secteur mettant en danger les emplois», regrette le président.

Les fabricants de MDD sont les plus concernés (-6,6 % en volume pour les yaourts avec des évolutions des prix sortie usine de +0,4 % en octobre 2013 contre +4,4 % pour les marques) et on parle de plus en plus ouvertement de restructuration. « Le marché a perdu près de 100 000 tonnes en 2 ans, ce qui correspond à la production annuelle de deux sites industriels. La perte de ces volumes met le secteur en surcapacité industrielle », reconnait Jérôme Servrière, directeur de Yéo frais (3A/Sodiaal).

 

Le paysage industriel de l'ultrafrais n'échappera donc pas à un remaniement. Novandie a fermé il y a un an le site de Rozet Saint-Albin dans l'Aisne et supprimé des postes à l'usine de Marcillé-Raoul mais tout pousse à dire que l'hémorragie n'est pas jugulée. Lors de l'assemblé générale d'Agrial, il a été signifié que les Maîtres laitiers du Cotentin, coopérative spécialisée dans les fromages blancs à marque de distributeur, réfléchit à un rapprochement avec Senagral qui souffre lui aussi (chiffre d'affaires de 626 millions d'euros, en recul de 4,2 % sur 2013). Consolider un pôle MDD ultrafrais comme ceci a été le cas avec le lait de consommation autour de Sodiaal, serait sûrement une première réponse à cette crise. Mais ce n'est pas tout. Il faut continuer à innover pour répondre à l'évolution des habitudes de consommation des Français. « Nous ne réclamons pas 10 % d'augmentation des prix mais quelques centimes pour sauver nos marges et pouvoir continuer à innover. Cela semble possible d'autant plus que les premiers prix ne font pas vendre », demande Pierre Girier.

En attendant, Syndifrais ne reste pas les bras croisés. Le Syndicat se mobilise pour rétablir la vérité sur la composition et les bénéfices santé des produits laitiers frais en priorité auprès des professionnels de santé mais également auprès des consommateurs qui méconnaissent la composition nutritionnelle des produits. Par exemple, ils estiment qu'un yaourt contient 21 % de matières grasses contre 1 % dans la réalité.

 

Questions à Jean-Marc Delrieu, directeur de Lactalis Nestlé Ultra frais marques

 

Comment expliquez-vous la baisse de l'attrait des produits laitiers frais ?

« Les produits laitiers frais se consomment généralement en fin de repas. Or nous constatons une désaffection en faveur des gâteaux sucrés notamment. L'image des produits laitiers frais s'est par ailleurs détériorée avec la perte des claims santé et la sophistication des recettes (produits jugés industriels). Nous notons également une désaffection des jeunes et la fin de l'effet Dukan qui se traduit par une baisse du light de 15 % sachant que le segment santé représente encore 15 % du marché de l'ultra frais. Seule consolation, la bonne santé du segment plaisir. Les crèmes gourmandes sont en croissance de 15 à 20 % et les liégeois explosent (+19 %). Le blanc gourmand marque lui aussi de bons scores.

 

Comment pensez-vous relancer la machine ?

Nous nous préparons à capitaliser sur ces tendances positives avec la volonté de mettre en avant le côté naturel. Nous nous employons aussi à faire sortir le yaourt de la logique de consommation en fin de repas. Autre créneau sur lequel LNUF mise, l'export. Depuis 5 ans, l'ultrafrais MDD se développe fortement en Europe. Nous sommes le deuxième intervenant sur ce créneau (ex aequo) et connaissons de bonnes croissances en Espagne, Grande Bretagne et en Italie.

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