«Une piqûre de rappel sur la qualité des peaux»
Les Marchés : Partagez-vous le constat alarmant des tanneurs sur la qualité des peaux de veau ?
Daniel Belliard :La situation peut s’améliorer. Je rappelle les progrès obtenus. En matière de parasite, notre syndicat travaille avec les Groupements de défense sanitaire. Des actions ont été menées sur le varron. Cet insecte a été éradiqué en France. Les tanneurs mènent une vaccination des veaux contre la teigne. 180 000 € lui sont consacrés en 2008. Sachant qu’une dose coûte 3 € et l’acte vétérinaire 0,50 €, un tel budget ne permet pas de traiter 1,5 M de veaux contre le champignon. Or, il faudrait vacciner à 100 %, comme aux Pays-Bas. Des problèmes nouveaux apparaissent : les égratignures, les éraflures ouvertes. Leur recrudescence est liée au passage en cases collectives. Les veaux se battent, tombent. Quand la paille est remplacée par des copeaux, pour des raisons de prix, la peau est exposée. Par ailleurs, l’industrie du cuir évolue. En utilisant moins de main d’œuvre, elle a moins la possibilité de corriger les défauts de la matière première.
LM : Quelles solutions envisagez-vous ?
D. B. : Nous préparons un film visant à sensibiliser la filière. Cette démarche a été réalisée, il y a 15 ans. Une mise à jour est nécessaire, car les techniques ont changé. Chacun doit avoir conscience que l’utilisation des cuirs de veaux par l’industrie du luxe fait de leurs peaux un élément important de l’économie de cette production. Mais, cela implique le zéro défaut. Une peau abîmée perd 75 % de sa valeur. Sa dégradation peut intervenir tout au long des 5 étapes, depuis la collecte en ferme jusqu’à l’abattage, en passant par le centre d’allotement, l’élevage, la bouverie. La qualité du veau français doit rester au top. On a un savoir-faire dans l’élevage, la tannerie. S’il n’y a plus de différence avec les peaux de veau hollandais, les prix vont s’aligner. Ils ont déjà baissé de 50 % par rapport à l’an dernier.
ML : Comment intervenez-vous sur le terrain ?
D. B. : Le SGCP emploie 3 techniciens qui circulent en permanence. Celui en élevage participe aux réunions avec les GDS, les services vétérinaires. Il se déplace dans les exploitations bovines et ovines, notamment pour vérifier les vaccinations. Deux autres interviennent à l’abattoir, pour corriger les défauts de dépouille, veiller à la sécurité des animaux.