Une grosse récolte de céréales à paille qu'il faudra vendre
Le premier conseil spécialisé céréales de l’ONIGC de la nouvelle campagne a procédé à un bilan, mercredi 9 juillet, passant du prévisionnel au provisoire, pour la campagne qui vient de s’achever et terminant sur quelques notes plus positives que prévu. Il s’agit surtout, comme nous l’avons indiqué dans notre analyse des marchés, hier, d’un ajustement non négligeable des estimations d’exportations de blé tendre et de maïs, portées à 12,5 Mt pour le blé (dont 5 Mt pour les exportations en direction des pays tiers), contre 4,7 Mt prévu en juin.
Cette reprise des exportations a été sensible en mai et surtout en juin, à l’approche du terme d’une campagne qui n’avait pas brillé jusqu’alors dans ce compartiment. On notera aussi qu’elle repose surtout sur les achats de l’Algérie et dans une moindre mesure, du Maroc et de l’Afrique noire, grâce aux vieilles habitudes commerciales avec ces pays, alors que la France et plus généralement l’UE n’a pratiquement pas pu répondre aux appels d’offres qui se sont multipliés, en particulier de la part de l’Égypte qui fut un grand débouché pour notre blé. Pour le maïs c’est le retour aux achats des clients communautaires en cette fin de campagne, qui a permis à l’ONIGC de rectifier en hausse ses estimations de ventes extérieures les passant de 4,8 Mt annoncées en juin, à 5,3 Mt, dont 200 000 à destination des pays tiers, chiffre inhabituel (98 % de plus qu’en 2006/2007). Le premier mérite de l’amélioration des exportations, outre qu’elle donne peut-être un signe pour la nouvelle campagne, est de dégonfler de quelque 430 000 t pour le blé et de 500 000 t pour le maïs, des stocks de report importants et qui, de toute manière, ne seront pas négligeables ; 2,7 Mt pour le blé contre 3,1 prévu en juin et 2,3 Mt pour le maïs contre 2,8.
36,3 à 36,6 Mt de blé tendre
Cet allégement des stocks devrait être bien accueilli par le marché qui se prépare à affronter une récolte de blé abondante (il est encore trop tôt pour une prévision maïs) que les premières enquêtes au 30 juin placent à 36,6 Mt (et non 30 comme écrit hier dans la hâte d’un bref compte rendu du conseil). En fait, depuis la réalisation de cette enquête, des attaques de fusariose se sont développées ce qui pourraient réduire le potentiel de rendement et l’ONIGC préfère ouvrir la fourchette vers le bas avec une moyenne de 36,3 Mt : les mauvaises surprises de l’an dernier incitent les prévisionnistes à la prudence. Néanmoins, même à 36,3 Mt les ressources (production + report) atteindraient 39 Mt contre 33,3 pour la campagne écoulée ; même si les perspectives du rapport de prix blé/maïs devrait avantager le blé cette campagne dans les incorporations par les FAB, il faudra faire mieux que les 12,4 Mt exportées en 2007-2006 pour équilibrer le marché. Faisons un rêve, si les 16 Mt atteintes en 2002-2003, 2004-2005 et 2005-2006 étaient retrouvées, cet équilibre serait assuré ; mais pour cela il faudrait que les prix français redeviennent compétitifs à l’international ce qui exclut la spéculation à la petite semaine basée sur la rétention d’offres. Le conseil a insisté sur la nécessité d’alimenter régulièrement le marché physique pour répondre à la demande intérieure et à l’exportation sans compter sur les bons coups qui se révèlent souvent, en définitive mauvais ; on en a eu la démonstration la campagne dernière. Dans le bulletin interne de la coopérative Val-France, son président, Rémi Haquin, par ailleurs président du conseil plénier de l’ONIGC, s’exprime sur le sujet (voir encadré).
En ce qui concerne les autres céréales à paille, l’ONIGC prévoit aussi l’abondance pour l’orge avec une probabilité de récolte de 11,3 Mt contre 9,6 pour la modeste moisson de 2007. Le blé dur, lui aussi, sera bien présent avec une prévision de production de 2,2 Mt, soit 10 % de mieux que l’an dernier et un stock de report copieux de 150 000 t ; là aussi, il faudra mieux vendre à l’extérieur.