Un rapport dénonce la spéculation sur les marchés agricoles
«Les nouveaux modes d’investissement sur les marchés dérivés de matières premières provoquent des mouvements de prix déconnectés des fondamentaux physiques », souligne un rapport commandité par le centre d’études et de prospective du ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt et publié le 24 octobre sur le site du ministère. Selon ses auteurs, Benoît Guilleminot et Jean-Jacques Ohana (du bureau de recherche Riskelia) et Steve Ohana (de l’ESCP Europe), « les investisseurs indiciels ont un comportement extrêmement pro-cyclique et leur impact ne peut être que déstabilisateur pour ces marchés ». Ils balaient la thèse selon laquelle ces investisseurs fourniraient de la liquidité aux « hedgers » (opérateurs utilisant les marchés dérivés pour se couvrir), estimant au contraire qu’ils seraient consommateurs d’une liquidité fournie par les acteurs commerciaux. Pire, comme l’essentiel de l’industrie de l’investissement indiciel transite par une dizaine de méga-banques, le rapport affirme que « cette forme d’investissement induit une menace pour l’intégrité des marchés de matières premières, mais aussi pour celle du système financier ». En conclusion, il recommande une transparence renforcée sur les marchés des dérivés, une plus forte régulation contre les tentatives de manipulation émanant des traders haute fréquence et évoque l’idée de taxer l’investissement indiciel sur les matières premières agricoles.