Un projet pour s'affranchir du soja d'importation
> Valorex est le premier producteur de graines extrudées de France.
Le projet Proleval, pour protéagineux oléagineux valorisation animale, associe Valorex comme porteur de projet, Terrena, Dijon Céréales et l'Inra. Labellisé par trois pôles de compétitivité (Valorial, IAR et Vitagora), il a pour objectif « de mieux valoriser une production d'oléoprotéagineux indigène, tracée et qualifiée, en substitution au soja d'importation (génétiquement modifié la plupart du temps, ndlr) », dit Bpifrance. D'un coût total de 17 millions d'euros (M€) sur cinq ans, il fait l'objet d'une aide de 8 millions d'euros (4 M€ en subvention, 4 M€ en avances remboursables) dans le cadre du programme d'investissements d'avenir piloté par le Commissariat général à l'investissement et opéré par Bpifrance. Le rôle des uns et des autres : « Le développement de la technologie à Valorex qui apportera 11 millions d'euros dans le projet, à l'Inra les mesures sur l'animal, à Terrena et Dijon Céréales la sélection variétale, explique Pierre Weill, président de Valorex. Bleu-Blanc-Cœur est aussi dans le projet pour intégrer demain de nouvelles allégations. »
Valorex est né en 1992 à Combourtillé (Ille-et-Vilaine) pour valoriser par la cuisson-extrusion des graines oléoprotéagineuses. Sa notoriété s'est bâtie par la suite en soulignant les effets bénéfiques pour la santé humaine d'une bonne alimentation animale. L'association Bleu-Blanc-Cœur, bien connue des consommateurs français pour les vertus des omégas 3 et omégas 6 contenus naturellement dans la graine de lin, est d'ailleurs née à Valorex. Valorex reste une PME (80 millions d'euros avec 115 collaborateurs) qui continue d'innover, avec trente chercheurs et ingénieurs. Elle a produit l'an passé 185 000 tonnes d'aliments et de noyaux extrudés dans huit usines dont deux en Europe, auprès d'industriels et éleveurs.
La France a plusieurs fois tenté de développer des protéines végétales nationales. En vain. Les industriels de la nutrition animale continuent d'importer massivement du soja (3,5 millions de tonnes l'an passé). L'augmentation de la population mondiale, en favorisant l'accroissement de la consommation de produits carnés et la demande en protéines végétales, risque d'accroître les tensions sur les prix des protéines végétales. C'est la première fois cependant qu'un projet de recherche s'intéresse aux technologies de valorisation des graines françaises. Aux 2,5 millions d'hectares de graines oéloprotéagineuses (1,4 million d'hectares pour le seul colza), combien faudrait-il de terres supplémentaires pour s'affranchir du soja ? « 1 million d'hectares », répond Pierre Weill. Pour s'en approcher, Valorex et ses partenaires vont travailler dans plusieurs directions. D'abord sélectionner des itinéraires culturaux adaptés, ensuite innover dans les technologies de cuisson des graines oléoprotéagineuses, enfin, mettre au point des mécanismes de suivi et de formulation adaptée à la nutrition animale. Les techniques actuelles employées notamment par Valorex, premier producteur de graines extrudées de France, portent la digestibilité des graines à environ 60-65 %.
Gagner 25 à 30 % de digestibilitéAvec les technologies « de rupture » que Valorex veut mettre en œuvre, l'objectif est de gagner encore 25 à 30 % de digestibilité. À moyen terme, Bleu-Blanc-Cœur devrait estampiller les produits carnés issus d'animaux nourris avec des protéines végétales made in France pour renforcer un modèle de production durable, avec une meilleure traçabilité et des conditions de production plus respectueuses de l'environnement. « On peut très bien imaginer la construction d'une cinquantaine d'usines qui traiteront en France ces graines oléoprotéagineuses », lance Pierre Weill.