Un leitmotiv : innover à la demande du client

> Éric Colin, Betrand Jacoberger, Manou Massenez-Heitzmann, Jérôme Marienne et Emmanuel Goetz, lors de l'assemblée générale de l'Aria Alsace, à Strasbourg.
S « 'adapter, exporter, c'est innover ». Les adhérents de l'Aria n'ont pas attendu pour mettre en application ce précepte de Xavier Terlet, de l'agence de marketing XTC, l'intervenant de leurs assises annuelles. Quatre d'entre eux ont témoigné de leur expérience. « Nos clients nous harcèlent pour que nous mettions sans cesse au point de nouveaux produits. Nous lançons une centaine de références par an. Dix sont rentables. Mais on ne se pose pas la question à l'avance. On fonce », raconte Emmanuel Goetz, président de Bretzel Burgard. Résultat : l'activité a été multipliée par quatre en quinze ans. Le bretzel, qui constituait son produit phare à l'origine, ne représente plus que 6 % du chiffre d'affaires actuel. Paninis, canapés, mini hotdogs, cheese burgers, etc. comblent la différence.
Nature Innovation est une société née de la crainte de l'interdiction de vente de confiserie à la caisse des supermarchés. En 2012, elle crée « Na ! » une confiserie aux fruits et aux céréales dont la recette a été mise au point en Nouvelle-Zélande. Fabriquée en Alsace, elle est distribuée en Allemagne, en Suisse, en Corée du Sud et aux États-Unis. « Nous prévoyons la vente de 40 millions d'unités en 2016. Avec un concept qui convient et une bonne approche commerciale, ça marche », se félicite Bertrand Jacoberger, président de Solinest, maison mère de Nature Innovation. La jeune société se positionne également sur le nouveau créneau du « snacking sain » avec un produit à base de riz, allégé en sel et en matières grasses, mais au goût préservé.
Les associations régionales des industries alimentaires d'Alsace, de Champagne-Ardenne et de Lorraine réfléchissent à la forme qu'elles adopteront au sein de la future grande région. Fusion ? Structure mutualisée ? « Toutes les options sont sur la table », répond Manou Massenez-Heitz-mann, présidente de l'Aria Alsace. Les trois associations représentent 284 entreprises dont 75 % de TPE et PME ainsi que 40 000 emplois. Souhaitant conserver leur « ancrage régional » actuel, elles ont cependant convenu de la mise en place de « ressources communes et de synergies ». Elles ont identifié des axes communs forts comme l'export, la promotion des identités régionales, l'innovation et la performance industrielle, globale et environnementale.
Le fabricant de pâtes Val Fleuri ne s'est pas découragé quand il a constaté que ses spécialités, avec une forte proportion de légumes, ne rencontraient pas le succès espéré en volume. Il a rebondi en les positionnant, avec succès cette fois, comme pâtes pour salades d'été. Depuis trois ans, la société haut-rhinoise gagne des points avec ses pâtes de Noël. « Les consommateurs les achètent en guise de cadeau. C'est bien la preuve que même avec un tel produit, a priori basique, il est possible de créer un achat impulsif dans un rayon dont on pensait qu'il ne s'y prêterait pas », souligne Jérôme Marienne, directeur commercial.
Pour Éric Colin, président de Colin Ingrédients, l'essentiel est de rester pragmatique. « Innover pour se faire plaisir ne sert à rien. Il faut innover en écoutant le besoin du distributeur, du consommateur », résume-t-il. Bertrand Jacoberger complète : « L'usage doit être innovant. Il faut se dire qu'il doit naître pour se vendre partout, des États-Unis à la Chine. »
De telles innovations seraient dans les tuyaux de l'agroalimentaire alsacien. Ils devraient être dévoilés à l'automne 2015. Ils concernent l'univers des yaourts et des boissons.