Un éleveur français au PPE
L’élection de Joseph Daul mardi dernier à la tête du PPE, le premier parti politique représenté au Parlement européen de Strasbourg, c’est sans doute la meilleure réponse que les agriculteurs français pouvaient imaginer aux propos provocateurs de Mariann Fischer-Boel, la commissaire européenne à l’Agriculture, que nous avons relatés ici la semaine dernière. Vous vous souvenez, les coupes sombres promises au budget agricole de l’UE et l’avenir « à temps partiel » programmé pour les agriculteurs européens ? Car ce député français de base, s’il est inconnu de la majorité de nos concitoyens, est un personnage très familier des éleveurs bovins et de la filière viande français. Ancien président de la fédération nationale bovine, ancien président d’interbev, Joseph Daul est en effet depuis des années, et notamment depuis qu’il occupe les fonctions de président de la commission agricole à Strasbourg, le meilleur allié du monde agricole dans les sphères européennes, celui à qui l’on se réfère quand il est question de politique commune, à qui l’on fait remonter ses suggestions et quelquefois ses remontrances. Le discret éleveur alsacien est désormais investi par une majorité des élus du groupe parlementaire le plus fourni à Strasbourg, doté de l’onction démocratique dont ne disposeront jamais les plus élevés des hauts fonctionnaires de Bruxelles. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce président d’une coopérative qui se débat contre les vicissitudes des marchés de la viande ne partage pas vraiment les opinions de la commissaire danoise sur la disparition des organisations de marché ou sur l’enterrement de première classe promis aux agriculteurs européens. Cela nous promet, enfin, une véritable contradiction.