Tout va très bien
Luc Chatel n’est pas très discret. Difficile de ne pas voir sa main, et même son style, derrière la très opportune condamnation par la DGCCRF de la recommandation trimestrielle sur le prix du lait, accusée d’être le produit d’une entente entre opérateurs (voir Les Marchés d’hier). Cette recommandation, émise par l’interprofession laitière, constituait, il est vrai, une cible particulièrement exposée, après les hausses successives du prix du lait constatées en France. Pour faire baisser la température, on peut toujours casser le thermomètre. Mais ça n’est pas un remède très efficace. Il semblerait même que la fatwa prononcée par les fraudes ait été déclenchée par la perspective d’une probable hausse du prix du lait au troisième trimestre, qui devait initialement être annoncée en juillet. La recommandation du CNIEL avait en effet pour particularité de s’appuyer sur des indices objectifs, constatant des évolutions passées, et s’appliquant donc avec un léger décalage dans le temps. Peu importe que cet indice n’ait fait l’objet d’aucune attaque juridique depuis sa création il y a 10 ans. Peu importe qu’il ait été fortement soutenu par différents gouvernements (de droite notamment) et notamment lors des différentes crises laitières. Peu importe que son objectivité n’ait presque jamais été contestée, ni par les producteurs, ni par les industriels. Peu importe qu’il soit prouvé que la distribution répercute les hausses du prix du lait, mais jamais les baisses. Peu importe que le gouvernement détruise un consensus interprofessionnel qu’il prétend par ailleurs encourager. Et qu’il doive peut-être gérer demain des manifestations de masse comme il y en a en Allemagne actuellement. Le prix du lait n’augmentera pas, et puis c’est tout. Tout va très bien, madame la marquise…