Toussaint
Le curé de mon village a eu une expression très juste lundi dernier à la messe : les saints ne sont pas les archives de l’Église, ils sont nos compagnons de chaque jour sur un chemin dont nous connaissons l’inéluctable passage. Eh oui ! Nous ne pouvons pas oublier que cette sente étroite et ténébreuse nous attend tous, et qu’elle mène selon les convictions de chacun à d’autres lumières ou à d’autres néants. A l’aune de cette certitude, les affaires du monde devraient paraître de bien peu d’intérêt. Pourtant les résultats du foot continuent de me faire bouillonner, surtout quand Auxerre perd bêtement des points à domicile. Et Bush-Kerry va me retenir tard dans la nuit, alors qu’au fond cela ne changerait pas grand-chose que le PSG gagne et que Bush perde. Au coup de sifflet final, quand la dernière urne est fermée, il faut accepter le résultat et passer ce foutu tunnel pour gagner un hypothétique vestiaire. D’où l’intérêt que les gars qui ont jadis gagné la coupe nous accompagnent de leur mystérieuse présence : nous nous sentirons moins seuls sous la douche, surtout si elle est froide. Et le verdict des urnes, au sens funéraire du terme, paraîtra moins irréversible.