Tomate d’industrie : une filière déconfite
Avec 90 000 tonnes d’intention de plantation (voire moins) pour la campagne 2007-2008, la filière tomate d’industrie française atteint des niveaux planchers jamais rencontrés. Après les décrochages significatifs de 2004-2005, 2006 a confirmé la tendance avec 118 000 t contractualisées. Mais il est probable que ce chiffre est la résultante d’une moyenne de production élevée (75 t/ha). Sur ce potentiel, 106 000 t ont été réalisées et 105 000 t ont été transformées après réfaction à l’entrée des usines. C’est un recul de -33 % par rapport à 2005 et de -62 % sur la période 2005-2006.
Par ailleurs, avec 106 000 tonnes, la production nationale n’assure plus que 10 % de la couverture des besoins de consommation de l’hexagone. La réduction de la production est considérée comme structurelle en région Paca, car liée au changement des modes d’apprivoisement du Cabanon. En revanche, elle est considérée comme conjoncturelle dans le Sud Ouest où, l’an dernier, les professionnels ont souhaité marquer une pause afin de réorganiser l’outil industriel. Globalement, la région Paca a fourni en 2006 23 % du potentiel national, Rhône Alpes 18 %, Languedoc Roussillon 16 %, et Aquitaine 43 %.
1000 producteurs en moins
Dans le même temps, le nombre de producteurs spécialisés affiche un recul sévère et s’établit à 180 soit une diminution des effectifs de 1 000 sur les dix dernières années. La baisse des cotisations versées à l’interprofession, comme celle de la réduction des prestations de service de son service technique mettent la Sonito (Société nationale interprofessionnelle de la tomate) dans une situation financière difficile. En dépit d’une réduction de son personnel et d’une gestion drastique, la Sonito a été conduite à puiser dans ses réserves pour afficher un résultat 2006 positif. Pour compenser, la décision a été prise de vendre les bâtiments qui hébergeaient la Sonito dont les bureaux sont désormais installés à la chambre d’Agriculture de Vaucluse. « Nous continuerons nos efforts de maîtrise des coûts et des dépenses, devait souligner Pascal Lenne, secrétaire général de l’interprofession, mais arrivera un moment où nous ne pourrons aller plus bas. »
Pour sa part, André Bernard, président de la Sonito, garde un peu d’espoir. « Cette mesure de gestion prise à l’unanimité par le conseil d’administration permettra à notre interprofession de poursuivre sa restructuration et de prendre plus encore en compte son contexte économique et institutionnel. Il nous faudra ensuite dans les semaines et les mois à venir, veiller à utiliser au mieux les moyens libérés par cette vente. Notre interprofession continuera encore de tenter de convaincre qu’un avenir est possible et nécessaire pour nos productions, car les conséquences de leur abandon sont sans comparaison avec les risques à prendre pour les maintenir.»
En ayant obtenu, avec l’Anefelt, un découplage partiel des aides, la filière tomate d’industrie a échappé à une fin inéluctable. Mais son avenir n’est pas pour autant assuré car il dépend de choix politiques et industriels qui lui échappent.