Thon rouge : avis de tempête en Méditerranée
Pour n'avoir pas été entendus par le commissaire européen à la pêche, Joe Borg, les thoniers senneurs de la Méditerranée sont sur le pont. Pourtant Michel Barnier avait défendu leurs arguments il y a quinze jours à Luxembourg. Le différend entre les thoniers et la Commission porte sur le dépassement ou non des quotas attribués aux pécheurs. Selon Bruxelles, ceux-ci ont été atteints, voire dépassés d'où la fermeture de la pêche au thon rouge en Méditerranée quinze jours avant la date prévue. Or, les thoniers considèrent qu'ils sont loin du compte. « La plupart des armements ont consommé 29% de leurs quotas, s'insurge Mourad Kahoul, le bouillonnant président du syndicat des thoniers de Méditerranée. 30% des bateaux sont même à 0% des quotas en raison des mauvaises conditions climatiques. La commission sait bien que nous sommes étroitement surveillés. Chaque bateau a à son bord un fonctionnaire qui contrôle la pêche et nous sommes « tracés » en permanence par GPS. Nous avons apporté les preuves que nous n'avions pas dépassé les quotas, mais le commissaire n'a lui, montré aucun chiffre. La fermeture de la pêche sur une simple suspicion est une aberration. »
Michel Barnier lui même a admis que les données de Bruxelles « suscitaient un certain doute. » Paris et Rome, qui soutient le même raisonnement, ont protesté la semaine dernière avant que Michel Barnier ne se rende à la décision de la Commission de fermer la pêche au thon rouge. « Je ne suis pas dans l'état d'esprit de mener une polémique, de jouer contre le Commission européenne, je veux être avec » a déclaré Michel Barnier à l'issue du conseil des ministres de la pêche à Luxembourg. Cette déclaration a provoqué la colère des thoniers. « Ok, déclare Mourad Kahoul, si Michel Barnier cautionne la décision de Bruxelles, nous demandons notre dû. Nous voulons être indemnisés au kilo près. » Le syndicat a lancé un ultimatum au ministre de la Pêche : « nous attendons une réponse avant mercredi. Après quoi nous prendrons des décisions. Nous débattrons mercredi en AG des suites à donner aux réponses de Monsieur Barnier. »
Pas d'intimidation
Michel Barnier ne compte pas se laisser intimider par un ultimatum, comme il l'a expliqué aux Marchés, jeudi dernier à l'occasion de son passage à Avignon. « Je ne travaille pas sur des ultimatums. Nous avons exprimé notre désaccord. Avant de parler de recours et d'indemnisation, nous devons examiner les chiffres bateau par bateau, et les confronter avec ceux de Bruxelles. Après seulement, nous prendrons des décisions. » Pour l'heure, seule l'Italie a porté plainte contre auprès de la Cour européenne de justice, pour discrimination et preuves infondées. Une procédure que les thoniers français auraient souhaité voir engagée par l'Etat français.