Terra Lacta et Bongrain précisent leur partenariat

En discussion depuis le mois d’octobre dernier, Bongrain et Terra Lacta ont officialisé et précisé leur partenariat le 28 juin dernier. « Il est intéressant pour notre groupe de s’appuyer sur un partenaire puissant et sérieux comme Bongrain. Il va pouvoir booster le développement de nos marques et notre présence à l’international. Bongrain est dans une logique de valeur ajoutée plutôt que de volumes. Alors que d’autres nous proposaient la fermeture de deux ou trois sites, notre rapprochement avec Bongrain ne va entraîner que la fermeture du site de Mareuil-sur-Lay-Dissais (85) (fin mars 2014 NDLR) », explique Alain Lebret, président de Terra Lacta. Concrètement, le protocole d’accord prévoit la constitution d’une société commune, les Fromageries Lescure, qui regroupera les activités de production et de commercialisation de fromages au lait de chèvre, ainsi que les fromages de spécialités au lait de vache de Terra Lacta. Bongrain Europe en sera actionnaire majoritaire à hauteur de 51 %, contre 49 % pour Terra Lacta.
Valéry Rehel, à la tête des Fromageries Lescure
Son directeur général devrait être Valéry Rehel, un des acteurs de ce rapprochement et ancien directeur général de Fromapac et Bressor (deux filiales de Soparind Bongrain). Les Fromageries Lescure regrouperont les trois sites industriels de Terra Lacta à Saint-Loup-sur-Thouet (79), à Saint-Michel-en-l’Herm (85) et à Caussade (82). Bongrain s’offre une place prédominante sur le marché du fromage de chèvre, en récupérant la production de 16 676 tonnes de Terra Lacta en 2012. La seule marque de fromage de chèvre de Bongrain, Chavroux, va ainsi côtoyer les trois marques de chèvre de Terra Lacta (Le Mottin Poitevin, Saint-Loup, Le Platane) et ses marques de distributeur. En revanche, la Fromagerie de Bougon (propriété à 49 % de Terra Lacta et à 51 % de Poitou-Chèvre) n’entre pas dans le cadre de ce partenariat. Un accord a été trouvé pour la cession du site à Poitou-Chèvre. Pour autant, le fromage de Bougon sera commercialisé par Bongrain. Au 1er avril 2014, Poitou- Chèvre devrait fermer le site de la Mothe-Saint-Héray (79) et s’installer à quelques kilomètres de là à Bougon.
Actionnaire de la CLE
Pour ses activités de crème, beurre, caséine et poudre, camembert et coulommiers, Terra Lacta va entrer au capital de la Compagnie Laitière Européenne (CLE) à hauteur d’un apport d’actifs en cours de négociation. Selon Alain Lebret, cet apport devrait se situer à environ 5 % du capital de la CLE, mais cela doit être finalisé fin septembre 2013. « Autant pour les Fromageries Lescure, les services de recherche et développement et les services commerciaux de Bongrain vont nous être utiles, autant pour la CLE, la massification de nos produits nous a intéressés », détaille Alain Lebret. La société Beurre des régions d’Europe devrait ainsi voir le jour au sein de la CLE pour coordonner les activités autour du beurre (Elle & Vire, le beurre AOP Charentes-Poitou ainsi que les beurres industriels dont Corman, filiale de Bongrain). Dans cet ensemble, Terra Lacta va apporter 20 000 tonnes de beurre à la CLE et ses deux usines situées à Surgères (17) et à Claix (16). Les activités poudre et caséine vont rejoindre Armor Protéines (filiale de Bongrain), avec deux sites (Surgères et Champdeniers-Saint-Denis). Quant au camembert et au coulommiers, produits sur le site Saint-Saviol (86), plusieurs scénarios sont envisagés. La création d’une société gérant ces activités devrait a priori être créée au sein de la CLE.
Par ailleurs, Terra Lacta s’était implanté en Espagne en 2012 en créant une joint-venture spécialisée dans les fromages de chèvre avec l’Espagnol Aldonza. La coopérative en détient 34 % jusqu’à présent. « Les Fromageries Lescure vont prendre les 34 % de capital que nous avions. En 2015, elles deviendront majoritaires à hauteur de 51 % comme le prévoyait notre accord initial avec le groupe Aldonza », explique Alain Lebret.
300 millions de litres de lait chez Orlait
A côté de ce partenariat, Terra Lacta conserve la maîtrise de sa collecte laitière et la gestion de son lait de consommation. Pour autant, la coopérative est « entrée en négociation exclusive », aux dires d’Alain Lebret, avec Orlait pour nouer un partenariat de commercialisation portant sur 300 millions de litres de lait de consommation sous marques de distributeurs (standard et premier prix). Du côté d’Orlait, la direction précise que rien n’est encore finalisé. Un accord pourrait être trouvé début 2014, sous réserve de l’obtention de l’accord de l’Autorité de la concurrence. En 2012, Terra Lacta a réalisé un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros, pour une perte nette consolidée de 15 millions d’euros. « La crise caprine nous a beaucoup impactés. Mais je reste confiant pour l’avenir », confie Alain Lebret. Selon le président, le nouveau Terra Lacta (hors du partenariat avec Bongrain) devrait réaliser un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros. Pour le piloter, le groupe est en train de recruter un nouveau directeur général, qui devrait arriver d’ici octobre prochain, à la suite du départ de Laurent Gallois-Montbrun en mai dernier.