Tendre poulet
On a les Orsenna ou les Tillinac qu’on peut… La sorte de lettre ouverte publiée lundi matin par Jean-Michel Lemétayer à l’adresse des « consommateurs, des citoyens et leurs enfants» est touchante de nullité. Celui qui, à son cabinet, a commis ce poulet devrait sortir des rangs pour être conduit sans procès dans un fossé à Vincennes. Il y enfile toutes les perles de la platitude et quelques fautes élémentaires dans le maniement de la langue. Ça commence très fort avec la volonté exprimée « d’ébaucher une plate-forme d’échanges et de dialogue dans un cadre animé et vivant» : pléonasme, cher ami, les deux adjectifs ont le même sens. Puis l’industrialisation de nos produits est montrée comme « le corollaire du changement de notre mode d’alimentation» : voici un emploi inapproprié de « corollaire», pris pour « conséquence», alors qu’il ne peut être utilisé dans ce sens que dans une démonstration de mathématiques. Puis vient que « la distance entre vous et nous est de plus en plus difficile à enjamber.» Cher porte-plume, nous comprenons bien que vous avez voulu dire « combler», mais on n’enjambe que ce qui peut se franchir avec les jambes et, au sens figuré, on ne peut enjamber qu’un degré hiérarchique pour s’adresser au supérieur, ou pour un étudiant une classe. Voulez-vous que nous continuions ? Vous évoquez les « saveurs de nos terroirs que vous pourrez découvrir tout au long de ce 42e Salon…» N’est ce pas plutôt tout du long que vous avez voulu dire, qui signifie dans toute l’étendue, ou dans toute la durée ? Bon, on va s’arrêter là, et laisser en paix quelques adverbes inutiles, ou des expressions manquant de rigueur. Ah ! Ce « minimum requis que nous sommes fiers de pouvoir vous apporter», comme si l’on pouvait apporter un minimum, au lieu de le garantir. Pas étonnant que la communication soit malaisée, si chacun parle une langue appauvrie qui dit si mal ce qu’elle souhaite exprimer…