A table avec Moïse, Jésus et Mahomet

Le retour du religieux se traduit aussi dans les assiettes. La demande en produits casher ou halal se développe dans les rayons ; la période du ramadan se fait sentir sur les ventes de lait ou de fruits secs, et l’on continue de consommer plus d’agneau dans la période pascale et de dinde à Noël. L’intérêt du livre écrit par le médiatique père de la Morandais et le grand chef Jacques Le Divellec est de rappeler les sources, souvent communes, de ces différentes habitudes alimentaires et culinaires dans les trois religions monothéistes. Et de montrer aussi comment elles ont fait naître quelques-unes de nos meilleures recettes. Le livre n’est pas un ouvrage savant, plutôt un échange d’expériences, de souvenirs et de réflexions, de la part de deux hommes de l’art. On y apprend, ou on y redécouvre, les origines de certaines de nos traditions gastronomiques, comme celle de la bûche de Noël. « Le réveillon de Noël se déroule à la lueur des chandelles. De ces lumières, il faut rapprocher la célèbre 'bûche de Noël'. A l’origine, une grosse bûche de bois, choisie pour l’occasion, qui brûle dans la cheminée pendant toute la durée de la fête. Avec le déclin des sociétés rurales et des veillées autour de l’âtre, la bûche a pris la forme d’un gâteau qui porte ce nom », raconte le père de la Morandais, que l’on connût naguère aumônier de l’Assemblée nationale. Le pari -et le parti-pris- des auteurs, qui ont travaillé avec un rabbin et un bon connaisseur de la religion musulmane, est de montrer que la table peut rapprocher les hommes de différentes religions. Une noble ambition. La table est une expérience unique du partage, rappellent les auteurs. Le livre se termine par 50 recettes proposées par le chef parisien Jacques Le Divellec, appartenant à l’une ou à plusieurs traditions religieuses. Parmi elles, les plus œcuméniques ont les faveurs des auteurs, bien sûr. Ainsi du couscous kabyle, de la rate farcie, du ragoût de mouton ou de la langue de bœuf.