Suisse : « la vache est tarie »
La politique de prix bas s’installe en Suisse à force de slogans. « La vache est tarie », pour la fédération des producteurs suisses de lait (FPSL), « l’avarice, c’est le pied », pour les distributeurs qui s’inspirent du leitmotiv (« Geiz ist Geil») d’un hard discounteur allemand.
En effet, plusieurs firmes, en l’occurrence Aldi et Lidl, attendent aux frontières mais leur implantation déstabilise déjà (en cours de contrats) les marchés, dont celui du lait et des produits laitiers. « La discussion n’a jamais été aussi tendue, déplore Samuel Lüthi, directeur de la FPSL. Jusqu’à présent, l’extrême concentration de la distribution avait favorisé le dialogue et la concertation avec la production. Aujourd’hui, l’arrivée imminente des discounteurs allemands incite les grands distributeurs à séduire par anticipation les consommateurs à grands coups de sous enchères spectaculaires, précise Samuel Lüthi. C’est ce qui explique le développement rapide des produits à bas prix des lignes ‘Budget’ chez Migros et ‘Prix garantie’ chez Coop. Les centrales laitières ont déjà été mises sous forte pression pour participer au bradage de ces aliments, ce qu’elles ne peuvent pas se permettre. Les producteurs de lait, dont le prix a baissé de 30 % depuis 1992, n’ont pas les moyens de financer la stratégie de prix bas des distributeurs. »
Le danger du boycott
La FPLS appelle donc à un discours plus raisonnable, c’est-à-dire « à ne pas plus baisser le prix du lait». Des rencontres ont eu lieu avec Migros et Coop la semaine dernière et cette semaine. Mais précise la FPSL, qui admet aussi « observer attentivement ce qui se passe en France », « si leur intention est de baisser encore le prix du lait et des produits laitiers, il faudra qu’ils le fassent sur leurs marges ».
Sur l’autre front, la Fédération tente de dissuader des groupes d’opposition, composés de producteurs à appeler à un boycott des produits laitiers et redoute « des réactions incontrôlables». Il semble pourtant que la solution soit dans les seules mains des citoyens helvètes. Coincés entre leur logique de consommation citoyenne et de sauvegarde de l’agriculture autochtone et celle de leur porte-monnaie. Sans a priori, la seconde a des chances de prévaloir.