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Sud-Ouest : comment articuler marque et signes de qualité

La tentation est grande pour les partenaires de l’agriculture régionale de mettre en place des identifiants pour promouvoir leur économie locale. Aquitaine et Midi-Pyrénées viennent d’annoncer le lancement d’une marque « Sud-Ouest ». Comment préservera-t-elle les signes officiels ?
Le Salon de l’agriculture est une caisse de résonance pour faire des annonces. Ainsi a-t-on appris lors de la dernière édition qu’une marque collective interrégionale allait voir le jour sous la dénomination « Sud-Ouest ». Cette nouvelle marque, selon les dires des partenaires, sera plutôt considérée comme une bannière : « Une bannière sous laquelle devraient se retrouver les produits sous signes officiels d’origine et de qualité, déclare Jacques Poux, directeur de l’Irqualim (Institut régional de la qualité agroalimentaire de Midi-Pyrénées) et animateur du dossier pour la région Midi-Pyrénées. Malgré tout, une réflexion est engagée pour y placer des produits symboliques de la région comme le gâteau à la broche ou le gâteau basque et qui ne peuvent pas rentrer dans le cadre des Siqo. Par exemple, certains des produits patrimoniaux figurant à l’inventaire du patrimoine du Conseil national des arts culinaires (CNAC) ».
Ce sont les produits des Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées qui seront réunis sous cette nouvelle marque collective, qui devient ainsi le réservoir le plus important de signes officiels en France. Les deux acteurs principaux sont l’AAPrA (Association Aquitaine de promotion alimentaire) pour la Région Aquitaine et l’Irqualim (Institut régional de la qualité agroalimentaire de Midi-Pyrénées), qui est le seul institut de la qualité à ne recouvrir que les produits sous signes de qualité et d’origine. Languedoc-Roussillon avait déjà lancé sa propre marque « Sud de France », la Normandie a mis en place « Gourmandie » avec un cahier des charges s’appliquant à tous les produits hors signes officiels, Poitou-Charentes a monté « Signé Poitou-Charentes et Fermier Signé Poitou-Charentes », Saveurs en Or pour le Nord-Pas-de-Calais, etc…
« Cette marque est positionnée pour conquérir ou reconquérir des parts de marché tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire, voire aussi à l’export et dans les GMS. Ces démarches ont un impact économique, social et environnemental et s’inscrivent dans le développement durable », assure Jean-Louis Cazaubon, président de l’Irqualim.

« N’est pas du Sud-Ouest qui veut »

Si les marques régionales incorporant tous les produits se construisent dans certaines régions, c’est aussi souvent parce que les signes officiels n’y sont pas pléthoriques. Mais que dire de Midi-Pyrénées et d’Aquitaine qui thésaurisent largement dans ces signes. L’Aquitaine compte la plus grosse IGP de France – le foie gras du Sud-Ouest – ainsi que des produits phares tels que le pruneau d’Agen ou le jambon de Bayonne, la volaille des Landes IGP (premier Label Rouge en 1965, suivi de l’ail rose de Lautrec), et bien d’autres. Concernant Midi-Pyrénées, ce ne sont pas moins de 120 démarches officielles qui sont pilotées par l’Irqualim, représentant 18,8 % dans les livraisons des exploitations avant transformation, soit 612 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elles en représentaient 7 % en 1992 !
En Aquitaine, siège de l’IGP foie gras du Sud-Ouest, c’est Marc Roose qui joue le rôle d’expert. Il a une bonne connaissance de toutes les questions tant réglementaires que juridiques sur les indications géographiques pour avoir mené à bien l’IGP foie gras du Sud-Ouest. « Nous ne sommes pas d’accord pour faire n’importe quoi, réagit-il. Je précise d’ailleurs que le foie gras est dépositaire de la marque Sud-Ouest et que rien ne doit porter atteinte à l’image du foie gras du Sud-Ouest car il y aurait alors détournement de notoriété. Je vais suivre cela à la loupe avec Jacques Poux pour que si cette « bannière » existe, elle ne brade pas le potentiel existant et à venir. Comme nous le disions dans une campagne de publicité passée : « N’est pas du Sud-Ouest qui veut ». Les GMS notamment vont-elles appliquer ce principe ? »

Réunion le 18 mars pour fixer les conditions

Les partenaires de cette vaste démarche « Sud-Ouest » sont nombreux et les conseils régionaux ainsi que les organisations agricoles pourraient être tentés d’intégrer d’autres produits que les signes officiels au sein de la marque, comme cela a été le cas dans d’autres démarches régionales. Or peut-on mettre ces produits régionaux sous la même bannière que des produits qui ont lutté pendant dix ans voire plus pour obtenir leur signe officiel accompagné de cahiers des charges contrôlés, et qui ont maintenu ou conforté la notoriété de zones difficiles, tout en préservant l’emploi ?, s’interrogent certains opérateurs du Sud-Ouest. Les défenseurs des signes de qualité craignent une certaine confusion et que l’image des Siqo ne serve à tirer le reste des produits. Aquitaine et Midi-Pyrénées totalisent le plus grand nombre de Siqo en France, ce qui explique que le lancement d’une marque collective y soulève des débats plus vifs que dans d’autres régions.
Pas sûr d’ailleurs que les signes officiels de qualité acceptent de rejoindre la démarche collective. Peut-être préféreront-ils privilégier leur marque collective propre et la communication qu’ils ont développée depuis des années.
Lors de la prochaine réunion des partenaires qui doit avoir lieu le 18 mars pour fixer les conditions de mise en place de la « bannière » Sud-Ouest, il sera sûrement beaucoup question du règlement 510 européen et de son article 13, qui fixe les conditions d’utilisation des dénominations géographiques. Quels produits, quel objet, quels types d’évènements, quel rôle des GMS, quels financements ? Tel est le menu de cette réunion qui apportera, espérons-le, un peu de clarification.

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