« Sud de France » : vers un bras de fer juridique?
Réuni en assemblée générale, le syndicat des vins de Pays d’Oc a longuement travaillé sur le projet de création d’un linéaire « Sud de France ». L’idée est de réunir sous cette bannière et de proposer aux consommateurs un large panel des vins méridionaux rouges, blancs, rosés, doux, tranquilles et pétillants, AOC, vins de table et vins de pays. Un test commercial a été réalisé l’an dernier avec Carrefour qui a démontré une progression de la valeur ajoutée de 10 points.
Or cette initiative ne semble pas convenir à l’Inao en raison des dispositions réglementaires et notamment des règlements afférents à la protection des AOC. Georges Frêche, président du Conseil régional Languedoc-Roussillon, qui est à l’origine de la création de la collective « Sud de France » et récipiendaire d’une mise en garde de l’Inao, s’est fait l’ardent défenseur du projet hors la loi. « Les fonctionnaires sont des gens charmants, mais ils sont à côté de leurs pompes et prêts à assassiner la viticulture, a estimé le président de la Région, au langage toujours fleuri. Mais si Paris ne vous aide pas, qu’il ne vous mette pas des bâtons dans les roues. Depuis deux ans, nous avons avancé à pas de géant avec Sud de France. Nous gagnerons des parts de marchés en France et dans le monde avec une marque commune. Mais accélérez les choses. Le temps des éclaireurs est terminé. Faites avancer le gros des troupes avec une marque collective, voire six ou sept sous- marques et pas 300. »
En 2005, la Région a investi 12 millions d’euros pour la viticulture du Languedoc Roussillon, a-t-il rappellé. Idem en 2006. « Je suis prêt à vous donner le double pour financer la promotion si vous parvenez à mettre l’étiquette Sud de France sur l’ensemble des bouteilles », a-t-il poursuivi.
« Briser les interdits »
Le message a été reçu par Jacques Gravegeal, président du Syndicat. « La grande distribution a besoin de ce linéaire. L’expérience de l’an dernier l’a confirmé. Cependant, si nous n’avons pas la capacité à mettre en place cette stratégie, il ne faudra rien demander à la Région. Il est urgent est nécessaire d’envoyer un signe positif en mettant en place ce linéaire. » Il semble néanmoins que les AOC soient peu convaincues de cette urgence et de cette nécessité. En revanche, la salle y a adhéré : « Faisons d’abord le linéaire et ensuite le syndicalisme ira dans les ministères pour faire abroger cette loi scélérate », a-t-on entendu. Un autre ardent soutien est venu de Jérôme Despey, président du pôle viticulture de Viniflhor. « Il ne faut pas avoir peur de briser les interdits. S’il y a unanimité de la part de l’Anivit, du CIVR et CICL, allons-y. Ne nous arrêtons pas à une lettre de l’Inao, il y en aura d’autres et si on nous fait un procès, on verra. » Affaire à suivre, mais dans le Languedoc Roussillon viticole, tout peut arriver.