Soulanges rêve de pétiller à nouveau

Au lendemain du lancement par l’Inao de la procédure d’enquête publique sur l’extension de l’aire de l’appellation champagne (Lire LM du 17/03), espoir et fantasmes viticoles naissent dans les communes nommées. L’aire qui comprenait 319 communes sur 33 500 hectares pourrait à terme en compter 357. La liste finale des nouveaux villages admis à produire du champagne d’ici quelques années sera consultable prochainement sur le site internet de l’INAO. Parmi celles-ci, Soulanges, située dans la Marne, rêve en secret de faire partie de la caste ô combien convoitée des producteurs de champagne. Dans son article daté du 14 mars 2008, Le Figaro recueille les témoignages d’agriculteurs désireux d’étendre leur culture aux plants de vigne. Le culte du secret semble de rigueur car « rares sont à ce jour les bénéficiaires potentiels qui acceptent d’évoquer publiquement leur intérêt pour la production de raisin », écrit le journaliste. Fabrice, céréalier de 34 ans, croit savoir que « le champagne, c’est un petit monde fermé et l’enthousiasme trop affiché des nouveaux venus risquerait de braquer les viticulteurs installés ». Il y a bien eu des parcelles de vigne sur Soulanges, mais elles ont toutes disparu au milieu des années 1920, à cause du phylloxéra. Personne n’a alors souhaité replanter « car on ne tirait pas grand-chose du petit vin de pays produit ici », selon Michel Gérard, un exploitant qui fut maire de la ville entre 1965 et 1983. Et puis, l’intérêt est revenu au milieu des années 1970. Par deux fois, en 1975 et en 2002, le village a manifesté son souhait de planter des vignes sur ses terres agricoles, en vain, rapporte l’article du Figaro. « Pour nous, ce serait intéressant à plusieurs titres, résume le maire actuel Danièle Finucci. Bien sûr, les terres à vigne représentent des sommes folles, mais il y a plus : d’expérience, on sait que les villages situés en AOC sont très valorisés. On y restaure les vieilles maisons champenoises, de l’emploi s’y crée, des touristes affluent ».