Sodiaal et Bongrain créent un pôle commun
Le marché français du fromage aborde une nouvelle étape de concentration avec l’annonce mercredi soir par Sodiaal et Bongrain de la création d’un pôle fromager commun. La coopérative apporte sa filiale Riches Monts (raclette du même nom, Le Rustique, Révérend) tandis que la société installée à Viroflay (78) met la Compagnie des Fromages et sa marque Cœur de Lion dans le panier de la société commune, qui sera détenue à parts égales selon les termes employés dans le communiqué.
Encore soumise à l’accord des salariés (prévenus mercredi seulement chez Bongrain) et des autorités de la concurrence, l’opération a pour but de faire peser les activités fromages des deux entreprises, encore loin derrière le géant Lactalis. La nouvelle structure, qui sera une société de droit privé, doit être opérationnelle pour le début de l’année 2008, le temps d’étudier et de remettre à plat les synergies commerciales, marketing ou géographiques. Chez Bongrain, on se félicite de l’opération avec par exemple l’apport de la raclette Riches Monts, un produit en fort développement mais absent du portefeuille de marques maison.
Offres complémentaires
Très présents à l’étranger, les produits Sodiaal viennent également en complémentarité de Cœur de Lion (brie, camembert et coulommiers) moins développé hors des frontières. Les deux spécialistes des produits laitiers, déjà partenaires dans plusieurs affaires et travaillant ensemble de longue date (Les Fromageries Occitanes, Alliance laitière européenne) prévoient de s’exprimer le mois prochain sur la structure de l’entreprise et les termes de l’accord de partenariat.
On guettera alors la possibilité de clauses de cession à court ou moyen terme ou de prises de participation croisées. Jacques Caillaud, directeur de la communication de Sodiaal, justifie l’opération par la volonté de rester dans le métier d’origine de l’entreprise, tout en assurant un avenir plus prometteur. « Si nous souhaitions nous développer uniquement par nous-mêmes, nous aurions atteint une taille critique limitée » concède t-il.
Le pôle fromager de Sodiaal, qui représente environ 350 M Eur, n’est pas encore de taille à lutter face à d’autres opérateurs, une confrontation que pourrait rendre plus plausible l’agglomération avec la Compagnie des fromages, dont le CA est vraisemblablement compris entre 100 et 200 M Eur.
« L’alliance devenait inéluctable »
« L’alliance devenait inéluctable » poursuit Jacques Caillaud, qui ne voit dans ce rapprochement aucun rapport de cause à effet avec le dossier Yoplait, la marque détenue à parts égales par Sodiaal et le fonds d’investissements PAI. Il y a quelques semaines, le directeur général de Sodiaal Claude Sendowski avait annoncé son intérêt pour la participation de PAI en vente au 1 er juillet, dont le rachat permettrait à la marque de yaourts de revenir dans le giron de son propriétaire originel.
Que ces affaires soient liées ou non, Sodiaal se retrouve devant des échéances cruciales, alors même que Yoplait renoue avec les bénéfices et devient une cible d’autant plus tentante.