Sodiaal améliore sa rentabilité et se développe à l'international
La coopérative Sodiaal Union a reçu Liang Zhang, le patron de son partenaire et client chinois Synutra comme invité lors de son assemblée générale, le 18 juin dernier. Tout un symbole pour Sodiaal, qui a finalisé il y a peu son partenariat avec le Chinois pour l'usine à Carhaix, et qui prépare précautionneusement depuis quelques années maintenant son avenir et celui de ses adhérents pour l'après-quotas laitiers 2015.
Hormis la création d'une usine dédiée à la poudre de lait en Bretagne en partenariat avec l'entreprise chinoise, Candia s'est également installé en Chine à travers la création de boutiques, Nutribio et sa marque Nactalia. Cette dernière est dotée de corners dans les grandes surfaces chinoises. Mais Yoplait est aussi en train de construire sa première usine dans l'empire du Milieu. Dans son projet 2020, « prendre sa place sur le marché mondial » est clairement affiché comme un objectif de la coopérative, qui commence à se concrétiser. Sodiaal s'était préalablement fixé l'objectif de renouer avec la croissance de ses résultats après la reprise d'Entremont et de redresser ses activités en perte, comme le lait de consommation avec Candia et la matière grasse avec Beuralia.
Un EBE de 106 millions d'euros« En 2013, notre mission a été accomplie. Nous avons renoué avec la croissance de nos résultats et mis notre coopérative en ordre de marche pour l'après-2015 (à la fin des quotas laitiers)», a déclaré Frédéric Rostand, directeur général de Sodiaal, lors de l'assemblée générale de la coopérative. Et ces objectifs ont été atteints malgré « un bilan négatif de la médiation », qui « a limité la capacité de négocier les hausses de prix dans un contexte matière inflationniste », a-t-il ajouté.
À partir du 1er avril 2015, Sodiaal va mettre en place de nouvelles règles de gestion des volumes laitiers, afin de permettre à ses 20 000 sociétaires de choisir de produire davantage ou non lors de la suppression des quotas laitiers, et en fonction des marchés. Comme le rappelle son président Damien Lacombe, Sodiaal a « une stratégie de développement maîtrisée : tout litre produit doit être associé à un marché ». Par ailleurs, le président de la coopérative a annoncé le lancement d'un dispositif d'accompagnement à l'installation des jeunes agriculteurs baptisé Sodiaalbox, à compter du 1er janvier 2015. Comportant différents volets (formation, organisation du travail, amélioration de la qualité et de la sécurité, financement du capital social), ce dispositif représente une enveloppe de 10 000 euros par bénéficiaire.
Le groupe coopératif a néanmoins réussi à passer des hausses de tarifs estimées à 100millions d'euros, a précisé le directeur général. Le chiffre d'affaires du groupe a progressé, passant de 4,4milliards d'euros à 4,6milliards, dont 30% sont désormais réalisés à l'international et 10% au grand export (Chine, Moyen-Orient, Afrique, Amérique du Nord). Sodiaal s'est félicité de l'amélioration de la rentabilité du groupe. L'excédent brut d'exploitation (EBE) est passé de 78millions d'euros à 106millions en 2013, grâce pour plus de la moitié à son activité fromages (Entremont, Monts & Terroirs, CF&R –activité détenue à 50/50 avec Bongrain). Cette dernière a bénéficié des récents rapprochements avec les coopératives Blâmont, 3A, Lacopab et tout dernièrement La Briarde (région de la Brie). La fusion avec cette coopérative a été approuvée le 18 juin, à 97,30% par les adhérents de Sodiaal. La Briarde collecte environ 14millions de litres de lait, dont 90% est transformé par la fromagerie Renard Gillard (filiale de Sodiaal) notamment en brie de Meaux.
“Un programme de 60 millions d'euros d'investissement en cours chez Candia "
Le résultat net part du groupe de Sodiaal s'est, quant à lui, élevé à 25,8 millions d'euros contre 11,4 millions un an plus tôt. Ces bonnes performances «ne doivent pas masquer quelques fragilités», a nuancé Frédéric Rostand. Le directeur général a fait allusion à un taux de fréquence d'accidents de travail resté stable, mais considéré comme trop élevé et à une activité lait-crème-beurre encore en perte. Si Beuralia a amélioré son équation volume-valeur, l'activité se redresse doucement. Quant à Candia, l'unité stratégique a encore accusé des pertes en 2013 et espère enregistrer des bénéfices en 2015. Son plan de restructuration se termine à la fin juin avec la fermeture de la troisième usine concernée à Lude (Sarthe), après celle de Villefranche-sur-Saône (Rhône-Alpes) et de Saint-Yorre (Allier). Le programme d'investissement sur deux ans (2013-2014) d'un montant de 60millions d'euros a notamment vu l'installation «d'une nouvelle ligne A3 speed» pour Candy Up à Lons (64), dotée «d'une cadence de 24 000 briquettes à l'heure grâce à deux sa-lariés», et d'un « stérilisateur VTIS à Awoingt (59)» destiné aux produits à base de crème pour la RHF. D'une part, Candia sera équipé de « 34 autres lignes » de l'acabit de la ligne de Lons «quand le plan sera terminé», a précisé son directeur général, Giampaolo Schiratti. D'autre part, Candia travaille avec la nouvelle entité Sodiaal Food Expert dédiée au circuit de la restauration hors foyer pour valoriser sa crème, un segment jusqu'à alors peu travaillé ” par Candia. Enfin, toujours dans l'objectif d'améliorer sa compétitivité et sa rentabilité, Candia cherche la valorisation par l'innovation et lancera au mois de septembre prochain une gamme de dosettes de lait infantile en 1er , 2e et 3e âge destinée à une consommation nomade et baptisée « Baby ». Au total, les investissements industriels du groupe sont en progression à 124millions d'euros prévus sur 2014, contre 117 millions engagés en 2013. 33millions d'euros seront destinés cette année à l'activité fromages, ainsi qu'aux activités poudres et ingrédients, 45millions bénéficieront à Candia et Beuralia.