Saint-Jacques : le coup de tabac est passé
Le calme est revenu sur le marché de la coquille Saint-Jacques bas-normande, une dizaine de jours après un engorgement inhabituel qui a conduit l’organisation des producteurs de Basse-Normandie (OPBN) à détruire 40 des 150 tonnes pêchées dans la semaine, et à orienter 80 tonnes vers le décorticage au prix du retrait, 2,36 euros du kg. Le retour à la normale s’est fait au prix d’une interdiction de pêcher le week-end (il y a une semaine), et de la limitation de l’accès aux gisements du large de la baie de Seine, où les coquilles ont un moindre rendement en noix et en corail que près des côtes.
Cette fièvre illustre l’inadéquation de l’offre et de la demande en coquilles Saint-Jacques en Basse-Normandie à certaines périodes. Le gisement bas-normand estimé à 5 000 t se répartit entre l’OPBN pour 3 000 t et une flottille d’indépendants qui vend en direct à des mareyeurs. Après les fêtes, la production du début d’année s’écoule toujours moins facilement. Plus encore cette année avec la crise économique conjuguée à une dévaluation de la livre qui rend les coquilles anglo-saxonnes très compétitives.
Un outil de transformation en difficulté
L’OPBN possède un outil de transformation des coquilles Saint-Jacques (Granville-Mer), mais il connaît actuellement des difficultés. La coquille bas-normande a pourtant des atouts, avec un très bon rendement en noix (1 kg de noix pour 6 kg de coquilles). La filière bas-normande a développé avec succès un label rouge pour le frais, la coquille Saint-Jacques de Normandie (autour de 10 % de la production). Et veut réitérer l’opération pour la noix fraîche.
Sur l’autre grand gisement de coquilles Saint-Jacques, la baie de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), la production a aussi augmenté en début de campagne, mais elle a été entièrement absorbée par l’outil de surgélation géré par l’Union bretonne des organisations de producteurs et le groupe Le Graët, spécialisé dans les produits alimentaires surgelés. « Celtarmor transforme plus de la moitié de notre production (entre 7 000 et 8 000 tonnes par an)», explique Georges Brézellec, vice-président de l’OP Cobrenord.
« L’entreprise guinguampaise écouler principalement sa production pendant les mois de grande consommation, les fêtes de fin d’année et Pâques », poursuit Georges Brézellec. En surgelant de l’extra-frais (24 heures après la pêche, maximum), les noix de la baie de Saint-Brieuc se sont fait un nom.
Mais en transformant un volume aussi important, le prix payé au producteur s’en ressent (autour de 2 euros en moyenne contre 3 euros en Basse-Normandie). Au-delà des problèmes de marché, les OP des rives bretonnes et normandes réclament une meilleure gestion de la production face aux marchés. L’organisation de la pêche octroie la compétence des licences aux comités régionaux des pêches, et aux OP la mise en marché. Si en Bretagne, le comité régional délègue ses pouvoirs sur le gisement pour adapter rapidement la production au marché, l’effort de pêche en Basse-Normandie manque encore de réactivité, regrette Richard Brouze, directeur de l’OPBN.