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Roquette s'ouvre en grand le marché des ingrédients

Le géant des amidons développe la production industrielle de microalgues. Leader dans l'offre d'additifs, il aborde le marché des ingrédients avec beaucoup d'ambitions. Reportage.

Depuis mars 2013, quinze personnes travaillent en permanence dans la première unité de production de microalgues du groupe Roquette, pour laquelle il a déposé plus de 40 brevets différents. L'amidonnier a souhaité l'implanter à Lestrem (62), la plus grande bioraffinerie d'Europe. L'investissement se monte à plusieurs dizaines de millions d'euros. « Les microalgues ont un potentiel nutritionnel aujourd'hui très peu exploité », constatait Sergio Neves, en juin dernier à l'occasion d'une présentation à la presse française et européenne. Le directeur de la filière microalgues vient de recevoir une trentaine d'industriels spécialisés dans la production d'ingrédients le 18 novembre dernier.

« On se sent assez bien préparé pour lancer cette filière », souligne-t-il en ajoutant : « Il y a le potentiel, les produits sont riches de constituants et il y a matière à travailler. » Surtout, les produits issus de la chlorelle sont considérés comme des ingrédients et non des additifs par la législation européenne et « la mention “ contient des microalgues ” peut être un argument marketing supplémentaire », souligne de son côté Valérie Le Bihan, chef de produits microalgues.

Un produit riche en DHA

Grâce à ce nouvel investissement, Roquette, qui s'affiche comme le leader dans la filière, peut désormais produire 4 à 5 000 tonnes par an de microalgues destinées aux marchés des ingrédients alimentaires. « Il faut environ deux semaines pour produire 20 t de microalgues dans nos fermenteurs », précise Sergio Neves.

Concernant le process de production, il s'agit d'abord de cultiver la biomasse provenant du laboratoire de culture à partir de souches bien déterminées dans quatre petits fermenteurs, de la récolter, de la sécher et de séparer les pigments, les vitamines, les minéraux, les fibres et les protéines. Deux possibilités s'offrent à Roquette : soit produire des microalgues par fermentation (hétérotrophie), soit les produire par photosynthèse (autotrophie). Ce dernier procédé ne permettant pas d'obtenir les quantités et qualités voulues, le groupe s'est orienté vers la première solution. Mais « il a fallu faire sauter des verrous technologiques », précise Sergio Neves.

De multiples utilisations

Roquette commercialise désormais en BtoB trois produits distincts sous les marques : Algility HP, Algility HL et Algility chlorelle. L'Algility HP est une farine d'algue protéique alternative aux protéines animales qui combine protéines végétales, fibres et lipides, destinée notamment à des boissons lactées ou à des céréales. L'Algility HL, une farine complète d'algues, « composée de bons lipides, de fibres et de protéines ». Cette farine peut être utilisée en boulangerie pour conserver et améliorer le moelleux de la texture, par exemple dans les quiches ou les sauces.

L'Algility chlorelle devrait trouver sa place dans le marché des compléments alimentaires et de l'aquaculture.

« Nous avons choisi un nom commercial qui fasse référence à la naturalité du produit (sans OGM, sans gluten) », argumente Valérie Le Bihan en précisant que « ces ingrédients peuvent être intégrés dans des matrices alimentaires permettant de diminuer la teneur en acides gras ou dans des ovoproduits tout en maintenant goût, saveur et texture sans pour autant nuire au côté aliment-plaisir qui manque parfois dans ce type d'ingrédients. » Les marchés visés sont avant tout ceux de la boulangerie, des sauces, des plats préparés pour l'Algility HL ou ciblés vers les seniors ou les sportifs, qui ont besoin d'une alimentation fortement protéinée combinant la présence de protéines végétales, de fibres et de lipides sains, pour l'autre.

CELLULES VÉGÉTALES UNICELLULAIRES

Les microalgues sont des cellules végétales unicellulaires à la base de la vie terrestre que l'on retrouve dans tous les environnements aqueux. Elles ont la particularité de se développer en utilisant la lumière grâce à la photosynthèse (autotrophique). Elles peuvent également se développer par fermentation (hétérotrophique) permettant la production de la biomasse en absence de lumière. Dans sa banque, Roquette possède 3 000 micro-organismes différents parmi lesquelles des levures, des moisissures, des bactéries et des microalgues.

La JV avec Solazyme dissoute

Il aura fallu moins de quinze ans à Roquette pour passer de la recherche fondamentale à la production industrielle. Avec quelques accélérateurs de projets très opportuns. L'année 2006 marque la création d'un laboratoire de phycologie permettant de sélectionner les souches appropriées de microalgues. Deux ans plus tard, Roquette annonce vouloir « consolider son implantation dans la nutrition santé en diversifiant son activité » et lance le programme Algohub. L'amidonnier veut devenir le chef de file d'une filière réunissant les meilleurs spécialistes européens. Il rachète dans la foulée BPS (Bioprodukte Prf. Steinberg), une PME de 20 salariés, basée à Klötze (ouest de Berlin), et produisant des chlorelles (20 à 40 t/an). Elles sont destinées aux marchés des compléments alimentaires à fonctionnalité santé et sont commercialisées en Allemagne sous la marque Algomed. Roquette fonde également une joint-venture avec l'Américain Solazyme, leader californien dans le secteur des biotechnologies, bioproduits et huiles renouvelables en novembre 2010 et finalement dissoute fin 2013…, mais qui reste concurrente dans ce domaine stratégique des microalgues. 2012 restera marquée comme l'année de la mise au point de l'unité pilote. L'aventure industrielle pouvait commencer

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