Robert Beynat

Les Marchés : Avez-vous ressenti les effets de la crise en préparant le prochain Vinexpo ?
Robert Beynat :À ce jour, nous avons le même taux de remplissage que les éditions précédentes. Certains grands groupes comme Gallo, Constellation, Boisset et Taittinger ont en effet annulé leur présence pour cause de « cost killing », d’autres ont choisi des stands plus discrets mais je suis persuadé que 2009 sera quand même un grand Vinexpo car il est primordial, en ces temps difficiles, d’échanger sur le terrain. Les opérateurs vont y chercher une visibilité pour sortir du tunnel et les acheteurs viendront nombreux pour saisir les opportunités de changer de produits ou de distributeurs. L’enjeu sera de se maintenir en Grande-Bretagne tout en diversifiant les débouchés, notamment aux États-Unis et en Asie, les marchés à plus fort potentiel. La prospection au grand export coûtant cher, ils viendront plutôt à Vinexpo Bordeaux. Quant à notre activité Overseas, démarrée en 1997, elle est particulièrement soumise aux aléas politiques et économiques. Depuis 2006, le salon se tient à Hong kong et remporte un franc succès. Nous sélectionnons avec soin les entreprises déjà présentes sur le marché asiatique pour les aider à s’étendre et à défendre leurs marques.
L.M : Que pensez-vous de la conjoncture mondiale en matière de vins ?
R. B. : 2008 restera dans nos annales « l’année noire » où nous avons perdu le leadership de la consommation et de la production de vin, selon la dernière étude Vinexpo/IWSR. Les Italiens sont devenus les premiers consommateurs de vins tranquilles, devant les Français qui passeront derrière les Américains sans doute d’ici 2010. Nous constatons un recul constant de la consommation en France, dû principalement aux ayatollahs antialcooliques et à leur campagne de stigmatisation permanente du vin. En Italie, la consommation est stabilisée mais le plus gros potentiel est désormais aux États-Unis. La France a aussi perdu la place de premier producteur de vin au profit de l’Italie et la production française devrait encore chuter d’ici 2012, tandis que la production mondiale devrait progresser sur la même période de près de 4 %.