Retour du goût et du plaisir
Presque passée inaperçue, la dernière enquête du Credoc « Comportements et consommation alimentaire en France » de 2013 a pourtant de quoi mettre un peu de baume au cœur à la filière agroalimentaire. Elle confirme une impression ressentie depuis plusieurs mois. Les Français ont envie d'aller vers une cuisine faite soi-même, à partir de produits bruts. Une évolution qui va de pair avec la valorisation gustative des aliments qui croît de nouveau. « Manger équilibré » (à 25 %), « exemples de plats d'aliments » (21 %), « plaisir de manger et de l'acte social » (20 %) et « cuisiné maison » (15 %), voilà ce que répondent les Français quand on leur demande « Pour vous, qu'est-ce que bien manger ? » En 2007, les classes lexicales « équilibré et santé » arrivaient largement en tête avec 37 %. Absente dans les études de 1988 et 2007, la notion de plaisir se retrouve en 2013 par le bais du « cuisiné maison », dont sont particulièrement adeptes les catégories très diplômées et aisées, souligne le Credoc. Dans les réponses des consommateurs, l'importance du goût retrouve son niveau de 1995, avant les deux crises de la vache folle, en étant citée par un tiers des enquêtés en réponse spontanée. Et ce discours se traduit dans les actes. Alors que les prix sont tirés vers le bas par la grande distribution, le poids des dépenses alimentaires dans le budget des ménages a retrouvé en 2013 son niveau de 2000 à 18,7 %, opérant selon le Crédoc « un léger mais significatif redressement » après avoir atteint son niveau le plus bas en 2007. Les consommateurs se tournent vers des produits gourmands : les desserts laitiers et leurs nouveaux parfums, l'offre développée en foie gras, jus de fruits ou compotes. Le contexte est propice à l'innovation avec toutefois un mot d'ordre : des recettes épurées, dépourvues au maximum d'additifs et conservateurs, que le consommateur pourra éventuellement agrémenter de sa touche personnelle. Le tout si possible avec des matières premières locales plébiscitées par les Français. Un projet bien plus enthousiasmant pour les salariés de l'agroalimentaire que celui de répondre au seul objectif du prix le plus bas. Place à la créativité.