Représentativité
Les urnes ont livré leur verdict. Avec 56,8 % des voix - y compris les apparentées- les listes FNSEA et JA ont conforté les positions d’un syndicalisme « encore plus largement majoritaire », comme l’a résumé Jean-Michel Lemétayer dans nos colonnes mercredi. Cette victoire est d’autant plus nette et sans bavure que les deux principaux concurrents de la coalition arrivée en tête se sont en quelque sorte neutralisés. Si la Coordination rurale a progressé, elle n’est pas parvenue à décrocher la deuxième place et reste en dessous de la barre des 20 %. Quant à la Confédération paysanne, elle a subi un sévère reflux, alors même qu’elle prétendait offrir au début des années 2000 une alternative crédible à la politique de cogestion menée par la rue de la Baume. Car c’est bien là la principale conséquence de ce scrutin. Il vient de clore, pour six ans, la question de la représentativité syndicale du monde agricole. Ses adversaires syndicaux rêvaient de faire passer la FNSEA et les JA sous la barre des 50 % pour pouvoir contester leur statut de représentant légitime des agriculteurs, notamment au sein des interprofessions. Les représentants de la Coordination rurale ont beau faire semblant de croire que le débat reste ouvert, un changement des règles du jeu paraît bien hypothétique. Si la victoire de Jean-Michel Lemétayer et de ses amis est incontestable, elle en fait les dépositaires d’une partie de l’avenir du monde agricole français. Cela leur fait porter d’immenses responsabilités. Et leur impose accessoirement une très grande rigueur à la tête des organisations agricoles et notamment des interprofessions, dont la gestion a été une nouvelle fois épinglée par le rapport de la Cour des Comptes cette semaine.