Relativité restreinte
Ils entendent parler d’un champ de maïs expérimental, ils le fauchent. On leur signale une « ferme », ils veulent l’attaquer, en justice d’abord, en force si nécessaire. En réalité, ce qui les attire, ce sont les caméras de télévision : soit que leur provocation les fasse accourir, soit, encore mieux, qu’elles soient à poste et qu’il suffise de se placer devant. Sans le savoir, ils vérifient par leur comportement un des postulats de la relativité restreinte du cher Albert. Lequel posait avec malice cette question au contrôleur du rapide : « A quelle heure la gare de Zurich arrivera-t-elle au train ?» Tout est en effet dans la position de l’observateur. Pour qui regarde de l’extérieur, ce n’est pas eux qui vont vers les problèmes, mais ceux-ci qui viennent à leur rencontre, avec d’autant plus d’impact qu’ils sont, eux, immobiles dans leurs convictions, voire en mouvement dans le sens opposé. Tandis que ceux qui progressent dans la même direction s’accommodent des remous, et trouvent des moyens plus aimables que le saccage barbaresque pour s’éviter les sottises du moment. Reste la courbure de l’espace-temps, qui postule qu’on repasse par un temps déjà écoulé. Raison de plus pour les nostalgiques d’accélérer la marche en avant.
