R&D : Roquette dessine l’avenir de l’industrie alimentaire
«On sait tout faire, mais on n’apparaît jamais sur le produit fini ! ». La petite phrase a été entendue à plusieurs reprises lors de la première visite de journalistes au siège du groupe familial le 2 décembre dernier. Dominique Roquette, qui préside aux destinées du quatrième producteur mondial d’amidon, a rompu avec cette tradition du « Pour vivre heureux, vivons cachés ! ». Il vient de lever un coin du voile sur la stratégie qui anime ses équipes, en présence de ses plus proches collaborateurs et de son nouveau directeur général Marc Roquette s’appuie notamment sur Jean-Bernard Leleu, directeur de la recherche et du développement, Jean-Marc Willefert, directeur Europe et sur son nouveau directeur général en place depuis le 11 novembre, Guy Talbourdet. Ingénieur HEC, il était jusqu’à présent membre du comité exécutif de l’équipementier automobile Faurecia.. « Nous voulons consolider nos positions, diversifier encore nos implantations géographiques mais aussi accroître encore plus nos efforts de recherche-développement », a-t-il témoigné. L’entreprise possède un savoir-faire unique dans le cracking de la matière première qu’elle travaille pour permettre à l’industrie de mettre sur le marché des produits toujours plus innovants.
Pour la première fois, la presse était autorisée à visiter une partie du laboratoire d’application alimentaire et pharmaceutique de Lestrem où les équipes de recherche (environ 250 personnes) développent l’innovation produits et accompagnent les industriels dans le développement de nouveaux produits. Agents texturant pour saucisses, pâtés ou jambons allégés en matière grasse, amidons permettant de modifier la texture des yaourts ou des crèmes glacées, du mannitol améliorant la stabilité des médicaments, des chewing-gums à la croustillance améliorée…. « rares sont les entreprises qui ne s’approvisionnent pas chez Roquette », a expliqué Jean-Bernard Leleu, directeur de la recherche et du développement.
Le groupe nordiste y consacre 40 millions d’euros par an. « Nous doublerons ce chiffre dans les 5 ans qui viennent », a-t-il annoncé. A Lestrem, qui représente 40 % de l’activité globale du groupe, Roquette est en train de construire l’extension de ses locaux de recherche. Un agrandissement qu’ont nécessité l’accélération et la multiplication des programmes de recherche autour de deux voies principales : la nutrition-santé et la chimie du végétal. Roquette recherche ainsi « une alternative durable aux produits dérivés de la chimie du carbone fossile ».
De nouveaux ingrédients fonctionnels
C’est ainsi que Dominique Roquette qui préside également aux destinées du pôle de compétitivité Nutrition-Santé-Longévité (NSL), a évoqué les programmes comme NutraHub, BioHub, GaïaHub ou AlgoHub. NutraHub permettra la commercialisation de nouveaux ingrédients fonctionnels à partir de pois, de céréales ou de microalgues. BioHub développe des ingrédients actifs et intermédiaires de synthèse (biosolvants, bioplastifiants..). Roquette y travaille depuis deux ans avec des partenaires comme Arkema, DSM, Cognis, Solvay, Vinci ou Tergal Industries. Ce programme de 90 millions d’euros sur 6 ans a reçu le soutien d’Oseo Innovation.
Quant au programme GaïaHub, il devrait apporter de nouvelles réponses pour le remplacement des polymères pétroliers dans les secteurs des adhésifs, peintures encres et vernis et matériaux de construction. AlgoHub développe enfin toutes les possibilités fournies par la culture des microalgues, notamment pour la production d’oméga 3 ou d’antioxydants. Pour mener à bien ces programmes, Roquette est associé dans six pôles de compétitivité différents, dont trois en région Nord-Pas-de-Calais (NSL, Maud et Filière produits aquatiques). Le groupe, qui consacre 10 % de son chiffre d’affaires annuel à ses nouveaux investissements ainsi qu’à la recherche-développement, a décidément mis les bouchées doubles pour conserver ses positions mondiales.