Qui est le plus pauvre ?
Un mois après la réunion de Bruxelles adaptant la PAC, les tensions restent vives entre bénéficiaires supposés et débiteurs probables de la réforme. Et ce, en dépit des assurances de climat « serein» au sein de la profession. La dispute consiste à savoir qui est le plus lésé, quand ce n’est pas qui est le plus pauvre, ce qui n’est pas très constructif. Dans leur lettre Blé contact, les producteurs de l’AGPB s’appuient sur « de récents travaux inédits de l’INRA » pour estimer « qu’à potentiel de valeur ajoutée équivalent », les exploitants du secteur bovins-viande « reçoivent davantage d’aides et dégagent davantage de revenus que les exploitations de grandes cultures ». Or, les céréaliers estiment qu’ils n’ont pas à être pénalisés d’avoir fait les efforts nécessaires pour se situer « dans les classes élevées de potentiel de valeur ajoutée » et que les éleveurs de bovins-viande feraient mieux de rééquilibrer leurs aides entre eux, ce qui n’est pas très fair-play. Le milieu de l’élevage n’a pas eu à chercher longtemps les termes de sa réplique ; la publication des chiffres du revenu agricole a confirmé cette semaine que les producteurs d’ovins et de bovins figurent tout en bas de l’échelle sociale « au niveau du seuil national de pauvreté ». D’où leur demande de rééquilibrage des revenus « seule voie qui permettra de légitimer les soutiens de la PAC ». La marge de manœuvre des représentants de l’élevage au sein de la FNSEA est néanmoins étroite. Mis sous pression par les débats relatifs à la réforme de la PAC, ils doivent désormais assumer les amendes radicales infligées par la Commission européenne. Si le syndicalisme lance une vaste souscription auprès de tous ses adhérents, on pourra mesurer ce qu’il reste de la solidarité entre les filières.