A qui appartiennent les AOC ?
Le débat sur l’avenir des contrôles des appellations d’origine contrôlée, dont nous nous faisons l’écho dans Le Journal de la Qualité en page 3, est révélateur des attentes mais aussi des contradictions du public à l’égard de ce type de produit. A priori, tout le monde (ou presque) est d’accord. Pour regagner un crédit quelque peu écorné ces dernières années auprès des consommateurs, les appellations doivent, comme les autres signes de qualité, se plier à des procédures de contrôle et d’évaluation objectifs, rigoureux et lisibles de l’extérieur. Or c’est là, manifestement que le bât blesse. Il est ancré dans la mentalité des producteurs d’AOC qu’ils sont les meilleurs connaisseurs de leur savoir-faire et qu’ils n’ont aucune raison de porter atteinte à l’authenticité et à la qualité de produits dont ils sont les principaux défenseurs. Et que la meilleure garantie contre les fraudes, comme l’a expliqué simplement un intervenant des Journées de Cambremer, « c’est le regard du voisin engagé lui aussi dans l’appellation ». Ces raisonnements peuvent paraître un peu datés à l’heure du tout certifié et de la transparence absolue, mais ils contiennent incontestablement un fond de vérité. Le débat de l’entrée ou non des organismes certificateurs dans les procédures de l’INAO soulève d’ailleurs une autre question fondamentale : à qui appartiennent les appellations ? A un consommateur moyen souvent plus porté vers les goûts faciles et les sensations rapides ? Ou à une communauté plus réduite d’amateurs, au centre duquel le producteur veille au respect du patrimoine gastronomique ? La question est plus que jamais posée. Mais il n’est pas interdit non plus de penser que les certificateurs se mettront au goût de l’AOC.