Quelle politique pour la montagne ?
« Un succès relatif ». Telle est l'appréciation donnée par Pierre Morel-à-l'Huissier, député de Lozère (UMP), dans un rapport sur le « Bilan de la politique agricole et forestière en faveur de la montagne ». Certes, le rythme des installations est dans tous les massifs meilleurs qu'ailleurs, la déprise n'est pas significative, sauf dans les Vosges, les alpages et les estives sont maintenus grâce à une attention constante portée aux systèmes pastoraux, le potentiel de production est partout sauvegardé. Mais, le revenu des agriculteurs de montagne s'écarte de 35 % de la moyenne nationale. Le rapport pointe différentes menaces : un bilan de santé de la Pac qui conduirait à un « découplage catastrophique », la diminution des aides du 2 e pilier, la « banalisation » de la politique agricole et forestière en montagne fondée sur des aides socioculturelles, mais « rattrapée » par l'extension des aides directes et leur découplage partiel ou total.
Soutien aux filières animales
Des propositions sont regroupées autour de quatre chapitres : refonder les soutiens à la production agricole, mieux exploiter la forêt et mieux répondre aux enjeux environnementaux, maintenir les aides structurelles du « second pilier » de la PAC, renforcer les liens entre agriculteurs, forestiers et acteurs locaux du développement. Pierre Morel-à-l'Huissier suggère la mise en place d'un dispositif pérenne favorable aux élevages bovins, ovins, caprins extensifs, sur l'ensemble du territoire. Cela passe par une prime à l'herbe assise sur les hectares de prairies (rotation d'au moins 5 années), sous les seules conditions d'un taux de chargement inférieur à 1,4 UGB/hectare et d'une spécialisation herbagère. Autre proposition, un DPU minimum s'ajoutant aux DPU actuels, ainsi que le maintien couplé d'une part substantielle de la PMTVA (prime vaches allaitantes) et de la prime à la brebis.
Un second volet d'action consiste à améliorer la compensation du handicap montagne. Le rapporteur demande une revalorisation de l'ICHN (indemnité compensatoire de handicaps naturels) en portant la majoration sur la première tranche de 25 hectares de 35 à 50 %. Maintenir en zone défavorisée les zones classées piémont est également jugé primordial. Pierre Morel-à-l'Huissier suggère d'accorder un soutien spécifique aux productions les plus en difficulté actuellement. Dans la perspective d'une sortie des quotas laitiers, il parle d'une aide supplémentaire proportionnelle à la production effective. Un geste identique est préconisé envers le troupeau ovin allaitant.
Les acteurs de montagne doivent en outre apprendre à mieux se connaître pour défendre leurs intérêts communs. Pour le député de Lozère, un renforcement des liens entre agriculteurs, forestiers et acteurs locaux du développement est indispensable.