Quel avenir pour le bio en grandes cultures ?
Le développement de la bio dans les grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux) accuse du retard en France par rapport à nos voisins européens. Et ce alors que la demande s’accroît, obligeant les utilisateurs à recourir aux approvisionnements extérieurs. En 2006 (les statistiques de 2007 ne sont pas encore disponibles) la surface consacrée aux céréales bio dans notre pays a représenté 83 860 hectares dont 30 146 ensemencés en blé tendre, 9 300 en triticale, une surface appréciable si l’on considère la modestie de cette culture en France, 9 100 en orge et 7 200 en maïs grain. Sur une sole céréalière totale de 9M ha, c’est bien peu, d’autant qu’après une progression régulière entre 1995 et 2005, le bio a reculé de 8 % en 2006 alors que l’aire céréalière augmentait sensiblement.
Dès 2003, l’Onic et l’Oniol, regroupés depuis 2006 au sein de l’ONIGC, avaient décidé de mettre en place, avec le soutien du ministère de l’Agriculture, un plan pluriannuel de soutien aux grandes cultures biologiques. De leur réflexion commune sont nées des orientations mises en œuvre à partir de 5 actions prioritaires (amélioration de la connaissance des marchés, restructuration des filières biologiques et soutien de l’investissement vers des projets novateurs, développement des programmes de recherche et d’expérimentation, consolidation des démarches de qualité et cohérence des programmes d’information et de communication).
Une orientation des marchés peu incitative
Une dizaine de programmes de recherche et d’expérimentation ont été financés au cours des 4 premières années du plan. 2008 étant la dernière année, il était intéressant d’en tirer un bilan ou des indications sur le cheminement de la démarche. C’était le sens du colloque organisé mardi à Paris, par l’Itab (Institut technique de l’agriculture biologique), une rencontre fondée sur la présentation de résultats techniques et économiques régionaux dans le souci de faire circuler l’information entre les différents réseaux à travers l’expérience de chacun d’entre eux, tant sur les résultats techniques qu’économiques. Ces derniers sont encore fragiles et de nombreuses questions fondamentales restent à régler, comme le manque de variétés de semences spécifiques pour les grandes cultures bio, les relations de filière avec la recommandation de contractualisation, le partage des connaissances entre les réseaux de producteurs mais aussi entre les organismes concernés, de l’Inra aux formateurs des Chambres d’Agriculture. Bref, comme le constatait un intervenant, « il y a encore du boulot à faire », notamment pour inciter les grandes exploitations céréalières à s’inscrire dans une politique de production biologique, mieux adaptée, pour le moment aux exploitations mixtes végétal-élevage. Cependant, l’évolution des marchés céréaliers observée lors de cette campagne incite certainement plus à la recherche de modèles lucratifs qu’à l’engagement dans une diversification culturale, qui cherche encore à consolider ses appuis.