Quarante ans de sécurité alimentaire à Fougères

> Plateau technique de spectromasse du Laboratoire de Fougères-Anses.
Laboratoire de référence français et européen, le site Anses de Fougères fête cette année ses quarante ans dans un bâtiment moderne au cœur du pôle de développement spécialisé en biotechnologies BioAgroPolis. Initié par le conseil départemental d'Ille-et-Vilaine pour le conserver sur son territoire quand il fut question de délocaliser le laboratoire, ce pôle a été construit avec le laboratoire départemental Isae. La zone d'activité de 7 hectares héberge également une pépinière d'entreprises, et pourrait prochainement recevoir l'Agence natio-” nale du médicament vétérinaire qui, toute proche, est encore hébergée dans ses locaux d'origine. Laboratoire de Fougères-Anses et Isae travaillent en partenariat sur des aspects techniques (gestion des fluides et préparation des milieux de culture par exemple) et scientifiques, notamment dans le cadre du plan Écoantibio 2017.
“ Face à l'antibiorésistance, nous avons défini trois grands axes de travail
L'antibiorésistance en santé animale constitue, depuis l'émergence de cette question au milieu des années 1990, l'une des priorités du laboratoire de l'Anses. « Face aux défis posés par l'antibiorésistance, nous avons défini trois grands axes de travail pour les années à venir : contribuer à la définition du plan de contrôle et de surveillance des résistances, garantir la performance des analyses de détection de l'antibiorésistance, comprendre les évènements de sélection, de développement et de dissémination des bactéries résistantes et des gènes de résistance », explique son directeur Pascal Sanders.
Le Laboratoire de Fougères est donc un laboratoire national de référence sur les résidus de médicaments vétérinaires et sur la résistance aux antibiotiques et un laboratoire de référence de l'Union européenne pour les rési-dus d'antibiotiques et de colo-rants depuis 1991. Les résidus de médicaments vétérinaires dans les denrées d'origine animale fu-rent de fait sa première responsa-bilité, en 1975, suite à la loi sur la pharmacie vétérinaire.
Impossible de passer au crible des essais toxicologiques classiques la totalité des substances chimiques existant, qu'elles soient naturelles ou de synthèse. Ces essais classiques exigent en effet deux ans de test sur une espèce animale et des tests pour deux espèces animales. Depuis une vingtaine d'années, le Laboratoire de Fougères développe donc des modèles cellulaires intestinaux et hépatiques. Cette démarche réduit du même coup le recours à l'expérimentation animale. Pour répondre à la multiplication des contaminants et à la recherche de leurs effets, le laboratoire s'est équipé d'une plateforme d'imagerie cellulaire à haut contenu informatique : il combine l'utilisation de biologie moléculaire, de la microscopie à fluorescence et l'analyse d'image. Pour identifier des contaminants émergents, il couple des tests biologiques de toxicité à une séparation physicochimique des substances présentes dans l'échantillon.
Outre la caractérisation des dangers toxicologiques de ces contaminants, il contribue aussi à l'amélioration des méthodes d'analyse. Les méthodes actuelles permettent de rechercher non seulement des ultratraces (10-12 ), mais aussi des centaines de substances en une seule analyse. Il est désormais possible de réaliser des analyses non ciblées pour identifier des contaminants émergents par exemple.
Le site a notamment investi ces dix dernières années dans cinq équipements de chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem et un spectromètre de masse haute résolution. Il emploie actuellement soixante-dix personnes.