Les fondateurs de l’Apli, l’association à l’origine de la grève du lait en France, ont réussi, dans le Tarn, à obtenir le soutien de la grande distribution, intéressée par une forme de « vente directe » des produits laitiers.
Cet été, dans le Tarn, certains fondateurs de l’Apli (Association des producteurs de lait indépendants) ont pris contact avec des responsables de grandes surfaces, pour leur demander d’organiser une journée sans lait, pendant leur période de mobilisation. Ces derniers, intéressés par la démarche, mais aussi par l’idée qu’ils pouvaient jouer le bon rôle face aux transformateurs, ont accepté. Leclerc, Intermarché, Géant Casino, Super U, Leader Price… ont ainsi joué le jeu, mercredi 16 septembre, et les clients tarnais ont trouvé les rayons vides, bardés d’affiches expliquant cet acte de solidarité. Pendant ce temps, les producteurs distribuaient gratuitement leur lait sur les marchés du département. Pour 2 000 litres « donnés », ils ont récolté 1 500 euros, offerts spontanément par les bénéficiaires (0,5 €/l si l’on retire le coût des bouteilles). Une forme de manifestation qui a trouvé un écho favorable dans toute la France, nombre d’hypermarchés se prêtant volontiers à ce type d’opérations, pour une fois propices à leurs relations avec le monde agricole.
Mais l’opération ne s’est pas arrêtée là et pourrait bien avoir des conséquences auxquelles les producteurs n’avaient pas pensé. À plusieurs reprises depuis cette prise de contact, des PDG d’hypermarchés indépendants leur ont proposé de les aider à financer une chaîne d’embouteillage pour livrer leur lait aux grandes et moyennes surfaces, sans passer par les laiteries. Une proposition de « vente directe » d’un nouveau genre que les producteurs comptent bien étudier. Après avoir mis le feu dans les campagnes, le conflit laitier pourrait bien allumer une nouvelle mèche, entre les industriels laitiers et la grande distribution.