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Quand Déméter s'intéresse à « l'agriculture durable »

Le club de réflexion sur l'économie et les stratégies agricoles a consacré un important chapitre à la nécessité de «repenser les systèmes de culture». Le signe que les mentalités semblent évoluer sur ce sujet sensible.

Le club Déméter a fait preuve cette année d'un certain sens de l'a propos. L'édition 2006 de son ouvrage annuel de réflexion sur l'économie et les stratégies agricoles Les chapitres de Déméter 2006:Adhésion de la Turquie à l'UE. Agriculture durable. Négociations OMC. Alena et agriculture. 340 pages, 24 euros s'ouvre en effet sur un chapitre détaillé consacré aux conséquences d'une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Une analyse publiée le jour même où l'Union européenne et la Turquie ouvraient des négociations d'adhésion qui s'annoncent encore longues et difficiles. Les auteurs, Florence Jacquet, administrateur scientifique à l'institut agronomique méditerranéen de Montpellier et Erol Cakmak, professeur d'économie à la Middle East University d'Ankara, ont d'ailleurs pris le soin de ne pas s'engager trop loin dans l'exercice du pronostic, très délicat compte tenu des incertitudes pesant à terme sur la pérennité de la PAC.

Leur portrait de l'agriculture turque a cependant le mérite d'explorer un certain nombre de caractéristiques et de tendances dont il semble être fait assez peu de cas à ce stade de la négociation. L'agriculture emploie encore aujourd'hui 34% de la totalité de la population active turque, contre 5% dans l'UE actuelle. L'adhésion turque se traduirait par 7 millions d'actifs agricoles supplémentaires dans l'Europe, c'est-à-dire autant qu'il en existe actuellement dans l'UE à 25. Autrement dit, un actif agricole sur deux serait turc en cas d'adhésion.

Cette donnée éclaire d'un jour brutal l'effort qui serait nécessaire, de la part de la Turquie comme de la part des actuels Etats membres, pour assurer le financement de la Pac au delà de 2013. « Administrativement, la Turquie a les moyens de mettre en place les mécanismes d'intervention de la Pac dans le pays. Sont-ils prêts à la cofinancer ? C'est une autre question», a résumé mardi Florence Jacquet lors de la présentation de son étude. Car il n'est pas question pour la Turquie d'abandonner son agriculture, ont expliqué les auteurs, celle-ci étant aujourd'hui très nettement soutenue, bien au-delà de ce que fait la Pac pour les agriculteurs de l'actuelle Union.

Si le pays dispose de secteurs dynamiques et compétitifs, comme celui de la tomate, d'autres le sont moins, comme celui de l’élevage qui est massivement aidé, pointent les auteurs. Ces soutiens abondants font de la Turquie un acteur particulièrement discret à l'OMC, a souligné Florence Jacquet.

L'agroforesterie en Une

Autre contribution marquante de cette édition 2006 du Déméter, l'abondant dossier coordonné par Alain Capillon, professeur d'agronomie à l'Ecole nationale supérieure d'agronomie de Montpellier (Ensam), sur l'agriculture durable et la nécessité de « repenser les systèmes de culture». Les auteurs y détaillent les contraintes écologiques et énergétiques qui pèsent et vont s'amplifier sur les cultures agricoles, notamment sur les niveaux d’intrants. Mais aussi sur les moyens par lesquels les soutiens agricoles pourraient faciliter la transition vers d'autres modes de culture, notamment les aides du « deuxième pilier » de la Pac.

Un certain nombre de pratiques «alternatives» sont passées en revue et analysées : celles déjà éprouvées comme les techniques culturales simplifiées, les semis directs sous couverture végétale, l'agroforesterie (l'association sur une même parcelle d'arbres et de cultures), comme les voies restant à explorer : maîtrise de la microbiologie des sols, allélopathie (la gestion des interactions entre cultures), etc Les auteurs, qui se sont départis d’a priori idéologiques et de préférences partisanes, insistent sur l'état d'avancement des recherches et sur la compétitivité de ces pratiques. « Contrairement à ce que l'on peut croire, ce ne sont pas aujourd'hui des pratiques réservées à des agriculteurs farfelus, a insisté Alain Capillon lors de sa présentation. Il y aura des centaines d'hectares d'agroforesterie dans le bassin parisien d'ici quelques années», a-t-il prédit, relevant que cette dernière technique avait fait la Une du dernier numéro de la revue des Chambres d'agriculture . Les mentalités dans ce domaine, sont sans doute en train d'évoluer, s’est félicité Bernard Valluis, secrétaire général de Déméter mais aussi dirigeant du négociant Soufflet et ex-directeur de l’AGPM qui animait la présentation d'une édition qui devrait faire date.

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