Proximité
Tous les analystes politiques l’écrivent ce matin : le scrutin organisé jeudi dernier au sein du Parti socialiste s’est joué sur le thème de la « proximité ». Balayés les discours immuables et les principes intangibles : la politique ne consiste plus à appliquer une idéologie mais à prendre en compte les difficultés et les aspirations quotidiennes des citoyens, au plus près d’eux. En 2007, tout devra être « de proximité »: l’administration, la justice, la police, les services sociaux, et bien évidemment l’agriculture. Car si les fabricants de téléphones portables, de télévisions ou de vélos peuvent expédier leurs produits aux quatre coins de la planète, il est vivement recommandé à l’agriculture de s’en tenir à un service « de proximité », avec des produits « de terroir ». C’est en tout cas ce que proclamaient certaine profession de foi de la campagne interne au PS. Il faut bien reconnaître que l’idée est à la mode. Elle inspire les agriculteurs malicieux qui ont compris le parti qu’ils pouvaient tirer de la nostalgie de la ferme d’à côté qu’éprouve la France urbaine. Aujourd’hui, on peut parrainer par internet des poules dont on vous enverra les œufs au fur et à mesure de leur ponte ; contempler l’élevage de ses escargots par Podcast ; et même s’offrir des vignes et devenir « web-vigneron» (www.mesvignes.com). La proximité, c’est indéniable, fait vendre. Mais à vrai dire, de très faibles volumes. L’immense majorité de la production agricole transite par des cadrans, des criées, des coopératives, des marchés d’intérêt national ; repart ailleurs ; est retravaillée ensuite par des industriels et des artisans avant d’être finalement présentée au consommateur, en France ou à l’étranger. Car la compétence, elle, n’est pas toujours à proximité...