Protéger sans inquiéter
Comment mettre en œuvre les moyens de protection des populations d'une éventuelle épidémie de grippe aviaire sans pour autant déclencher un mouvement d'inquiétude exagéré chez les éleveurs et les consommateurs ? C'est là toute la délicatesse de la tâche qui s'annonce pour les autorités sanitaires et politiques françaises. La question semble désormais avoir été prise à bras-le-corps par le gouvernement, sous l'impulsion du président de la République. Jacques Chirac a appelé lundi dernier à « une réponse internationale vigoureuse», assurant que la France allait « intensifier ses efforts pour protéger la population». Une orientation confirmée le lendemain lors d’un comité interministériel à l’issue duquel le Premier ministre a annoncé que la France allait augmenter ses réserves de médicaments anti-viraux et de vaccins, accroître les réserves de masques de protection et renforcer ses contrôles dans les aéroports. Ces mesures ne sont pas de trop face à une maladie qui, à bien des égards, est bien plus lourde de menaces pour l’homme que le fut -ou l’est encore- l’ESB. Le directeur général de l'OMS, qu’a rencontré le chef de l'Etat cette semaine, a été formel : la survenue d'une épidémie de grande ampleur menaçant l'homme est pratiquement inéluctable. Il y a donc incontestablement un risque pour la profession avicole que l'opinion publique, dans la confusion, ne se détourne durablement de la viande de volaille, même si elle n’est pas en cause dans la diffusion du virus. Il y en a un également que les responsables publics, par précaution politique, n’ouvrent le parapluie en arrêtant des mesures sanitaires disproportionnées. Espérons que la gestion désastreuse de la crise ESB servira cette fois de leçon.