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Protections géographiques : un contexte mondial difficile


> Cambremer accueillait le 21e Festival des AOC et AOP en Normandie sur le week-end du 1er mai.
Si les règlements 2081/82 ont permis de protéger nos produits de terroir et de territoire en créant les AOP et IGP en 1991, le contexte a changé. Il est devenu mondial et pose de nouveaux problèmes, selon les opérateurs intervenus à Cambremer.

La menace plane sur les indications géographiques (IG). En Europe tout d'abord, où les partisans d'une fusion des AOP et IGP reviennent à la charge par soucis de simplifi-cation. « Une telle mesure n'aurait pour effet que de fragiliser les cahiers des charges et de diminuer les contrôles qui restent les aspects les plus importants de la crédibilité pour les consommateurs », craint Jean-Charles Ar-naud, président de l'Inao (voir LMH du 24 avril). Et de s'interroger sur la raison de vouloir ainsi fusionner les AOP et IGP au moment où l'Union européenne négocie des accords commerciaux avec les États-Unis.

Lobby des laitiers américains

Plusieurs États tiers sont sur la voie de la protection des IG, mais ne veulent pas automatiquement d'un système type européen jugé trop compliqué. L'Union européenne est engagée dans des discussions bilatérales ou multilatérales avec ces États et plus particulièrement les États-Unis qui ne veulent pas adopter un système de protection des produits européens et font monter les enchères pour obtenir des contreparties. « L'industrie alimentaire aux USA est farouchement contre les protections de noms géographiques. Ce sont les industriels laitiers américains qui sont les plus actifs, car ils veulent continuer à fabriquer des fromages avec leur lait local et avec des noms usurpés, mais qu'ils considèrent comme génériques », a déclaré Élisabeth Barham, fondatrice et directrice de l'American origin products research foundation* à la tribune du Festival des AOC/AOP normandes Cambremer le week-end dernier. Chaque État qui s'engage doit mettre en place un système de protection sur ses propres produits, mais aussi protéger les IG des autres États. Ainsi, en dehors de l'accord des « 10+10 », la Chine hésite à s'engager plus loin, hormis sur des produits bien spécifiques et très usurpés tel le champagne qui a gagné la protection chinoise en 2013, effaçant partiellement la négociation absurde qu'avait menée Mariann Fischer Boel en 2006 aux États-Unis en acceptant « la clause du grand-père » (ou clause d'antériorité).

Un nouvel acte est en préparation dans l'Arrangement de Lisbonne dont la réunion des 27 pays participants doit se tenir du 11 au 21 mai 2015 sur la protection des noms géographiques. Une avancée dans ce système permettrait un enregistrement international des appellations d'origine et des indications géographiques.

Un pas en avant de la Nouvelle-Zélande

Point positif, alors que l'Australie et la Nouvelle-Zélande restaient des États opposés aux systèmes de protection des produits avec origine, Cette dernière pourrait, prochainement, se doter d'une loi sur la protection des IG dans le domaine du vin. Dominique Chaillouet

*Une convention a été signée entre cette fondation, l'Inao et oriGIn.

RICHES DÉBATS AU FESTIVAL DES AOC/AOP NORMANDES

Deux tables rondes réunissaient des intervenants en provenance de plusieurs pays en et hors Union européenne les 2 et 3 mai à Cambremer autour du débat « identification géographique, outil de mondialisation positive ». Parmi les participants, le Canada avec ses deux dernières IG le Vin de glace et le Cidre de glace, un représentant de l'AICIG, association italienne regroupant les consortiums italiens, les représentants de la pomme de terre de l'Idaho, l'Inao, etc. En substance, les intervenants étaient d'accord pour demander le maintien de la réglementation actuelle afin que les protections géographiques continuent d'être porteuses de valeur ajoutée et s'accordaient sur la nécessité d'être extrêmement vigilants face aux demandes américaines dans le cadre des accords commerciaux.

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