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Protéagineux : l’économie d'azote, un argument de pois

La production de protéagineux, en déclin inquiétant ces dernières années, bénéficie d'avantage agro- économiques convaincants. Et la conjoncture pourrait lui profiter dans les années qui viennent.

Les semis de pois pour la récolte 2008 ont représenté 136 000 hectares, soit 16,6 % de moins qu'en 2007, confirmant ainsi une tendance lourde qui se traduit par une baisse de surfaces de plus de 50 % par rapport à la dernière moyenne quinquennale. Les responsables professionnels, dans le cadre de l'UNIP (union nationale des producteurs de protéagineux), accompagnés par l'Institut technique, Arvalis, tentent pourtant, depuis plusieurs années, de freiner cette dégradation et de relancer une culture qui a toute sa place dans un pays et dans une Union européenne en manque de protéines pour l'alimentation animale. Leurs arguments pour la défense de cette culture étaient d'abord fondés sur les incontestables avantages agronomiques du pois. Des avantages qui en sous-entendaient d'autres, d'ordre économique mais sans doute insuffisamment évidents pour empêcher un glissement des protéagineux vers des productions plus immédiatement attractives, comme les céréales et les oléagineux ; c'est ce que l'on appelle « l'effet quintal » qui privilégie la recette financière immédiate d'une production par rapport à la rentabilité moins évidente d'une autre.

Ce comportement tend heureusement à disparaître, profitant en l'occurrence au pois qui se présente avec de nouveaux arguments sur le plan économique outre ses avantages agronomiques qui en font notamment le meilleur précédent cultural pour un blé. En moyenne, d'après les études UNIP/ARVALIS, une rotation blé sur pois se traduirait par une augmentation de rendement du blé de 7,5 qx/ha, contre 5,4 qx pour un blé sur colza, de 4,4 qx pour un blé sur maïs, de 0 pour un blé sur blé. Ce gain de rendement se répercute au niveau financier, plus le prix du blé augmentant, plus le rendement supplémentaire améliore la compétitivité de la céréale. Ainsi, en partant de l'hypothèse raisonnable dans le contexte actuel du marché d'un blé à 150 € /tonne, le gain de rendement de 7,5 qx procuré par une culture blé sur pois se traduirait par un gain net de 113 €/ha. Voila un raisonnement agro-économique convaincant.

L'envolée des prix des engrais azotés

Un autre s'impose de manière significative, c'est l'économie réalisée en engrais azotés grâce aux cultures de protéagineux. Entre 2003 et 2008, l'indice, base 100 en 2000 est passé de 105 à 200, avec une accélération spectaculaire ces derniers mois qui a propulsé le prix de l'unité d'azote de 50 centimes à plus de 1,2 €, entraînant un supplément de charges de plus de 100 €/ha pour une culture recevant 180 unités d'azote par hectare, comme le blé. Or, non seulement le pois en tant que légumineuse se contente de l'azote de l'air, mais il laisse à la disposition de la culture suivante de 20 à 50 unités d'azote supplémentaires par rapport à un précédent céréales. Cette amélioration des marges apportée par l'économie d'azote accroît encore la répercussion financière positive du pois dans une rotation.

Enfin, l'intérêt économique du pois se trouve renforcé par la conjoncture. La campagne qui vient de s'achever a certes connu une envolée du prix des céréales, incitative à une augmentation de leur production ; mais les pois se sont inscrits dans cette tendance haussière des matières premières agricoles en consolidant leurs écarts avec le prix du blé, par exemple. Ainsi, la moyenne des cotations 2007 ressort pour le pois standard (alimentation animale) à 235 € contre 208 pour le blé fourrager, soit + 27 centimes. Pour le pois jaune (alimentation humaine) l'écart avec le blé meunier qui était en moyenne de 24 € en 2007 a progressé à quelque 70 €. Et puis, les débouchés pour le pois alimentation animale ou humaine, sur le marché intérieur comme à l'exportation sont loin d'être comblés. Pierre Cuypers, président de l'UNIP verrait bien volontiers un retour aux surfaces d'antan, de l'ordre de 500 000 ha. Il faudra quelques années et une grande conviction pour y parvenir. L'arrêt de l'hémorragie serait déjà bien venu.

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